Censée désigner les pauvres, l’expression les “sans-dents” attribuée à François Hollande par son ex-compagne Valérie Trierweiler dans son livre “Merci pour ce moment” – en librairie depuis ce jeudi – renvoie à une dure réalité : une part importante de Français doit renoncer à tout soin dentaire par manque d’argent. Etat des lieux.
Ce n’est guère étonnant, mais plus que jamais d’actualité : l’accès aux soins bucco-dentaires dépend du niveau de revenu, au point que les plus pauvres sont le plus souvent obligés de s’en passer. Selon une étude de l’Insee publiée en juillet dernier, ce sont en moyenne 7% des Français qui s’abstiennent chaque année de consulter un dentiste alors qu’ils en ressentent le besoin. Et dans 50% des cas, le motif de ce renoncement est le coût de la consultation. Un réflexe qui plus est récurrent : 40% des personnes ayant une première fois renoncé à faire soigner leurs quenottes, y renoncent également l’année suivante.
Bien évidemment, si elles ne peuvent s’offrir ces soins très coûteux, c’est parce qu’elles sont le plus souvent démunies de toute couverture complémentaire. Ainsi, selon un sondage de l’Ifop, 46% des Français ayant dû renoncer à une consultation dentaire ne disposaient pas d’une mutuelle santé. Résultat : pour les plus pauvres, l’expression « sans-dents » prend malheureusement tout son sens. L’ONG Médecins du Monde a par exemple estimé que les patients recourant à ses centres d’accueil comptent en moyenne 5,3 dents manquantes. Une proportion qui grimpe à huit dents pour ceux âgés de 40 à 59 ans, et même à quinze pour les malades de 60 ans et plus.
Mais que ceux disposant d’une mutuelle ne se réjouissent pas trop vite : tous ne sont pas, en effet, égaux devant la “roulette”. Après avoir passé au crible 870 contrats complémentaires, la DREES (organisme statistique rattaché au ministère de la santé) vient de confirmer qu’il valait mieux être salarié d’une grande entreprise et du coup bénéficier d’un contrat collectif, qu’indépendant ou retraité et devoir se tourner vers un contrat individuel. Alors qu’elle coûte environ 750 euros, une prothèse dentaire est en moyenne remboursée à hauteur de 327 euros aux premiers, contre 218 euros aux seconds (33% de moins). Quant aux implants dentaires, facturés aux alentours de 2.000 euros pièce, si le remboursement atteint 337 euros en moyenne dans le premier cas, il tombe à 201 euros dans le second (40% de moins).
Le « reste à charge » n’est cependant pas le seul frein à la consultation du dentiste. Il faut signaler aussi l’état de santé général : selon l’étude de l’Insee, moins on est bien portant, plus on tend à renoncer à prendre rendez-vous… Enfin, plus surprenant, la sensibilité à la douleur : 25% des Français qui renoncent à se faire soigner les dents expliquent leur refus de consulter par la peur du dentiste ! Bref, il y aurait aussi des “sans-dents” chez les “riches douillets”.
Julien Bouyssou
Qui sont les « sans-dents » ?
Source : Capital.fr