Psychosomatique :Lien entre anxiété et complications postopératoires en chirurgie

L’étude porte sur le lien entre l’anxiété et les complications postopératoires enregistrées en salle de réveil en chirurgie dentaire, chez 45 patients (m = 18 ans), 21 hommes et 24 femmes, opérés sous anesthésie générale pour une extraction des dents de sagesse.
L’anxiété est l’état de l’affectivité qui résulte de la prévision ou de la crainte d’un danger prochain, généralement assez bien déterminé, pour soi ou pour autrui [13]. C’est une réaction d’adaptation aux stimuli externes qui entraîne la mobilisation de l’attention et l’élévation de la vigilance dans des situations de nouveauté, de choix, de crise ou de conflit.

On distingue classiquement deux types d’anxiété : l’anxiété situationnelle ou anxiété état, et l’anxiété dispositionnelle ou anxiété trait. L’anxiété état se définit comme un ensemble de cognitions et d’affects momentanés, consécutifs à une situation perçue comme menaçante, accompagnés d’une activation physiologique. L’anxiété trait se définit comme une dimension de la personnalité qui se réfère à des différences interindividuelles stables dans la tendance à percevoir les situations aversives comme dangereuses ou menaçantes et à y répondre par une élévation de l’intensité des réactions d’anxiété état. Ainsi, les personnes présentant une forte anxiété trait tendraient à percevoir les situations comme étant plus aversives.

Les états émotionnels négatifs, dont l’anxiété fait partie, sont impliqués dans les désordres somatiques. Plusieurs études montrent en effet l’existence d’un lien entre l’état émotionnel négatif et la plainte somatique, ainsi qu’entre l’état émotionnel négatif et la douleur.

En chirurgie, deux études montrent un lien entre les émotions négatives et la production de symptômes objectivables en chirurgie. Ainsi, les patients ayant un niveau élevé de névrosisme ou d’anxiété trait tendent à avoir proportionnellement plus de complications postopératoires objectivables (saignements, infections, problèmes de cicatrisation) que ceux ayant un faible niveau de névrosisme ou d’anxiété trait, avec pour conséquence une durée d’hospitalisation plus longue.

En chirurgie dentaire, deux études indiquent également un lien entre l’anxiété et les troubles opératoires et postopératoires. Staff montre ainsi que plus les patients sont anxieux avant leur intervention chirurgicale et plus ils présentent de risque de développer des complications au cours de l’opération (saignements, gonflements…). Le même constat est fait au niveau postopératoire, l’anxiété préopératoire étant davantage liée à la prise d’analgésiques et de sédatifs.

Les participants remplissent le STAI trait et état avant l’intervention chirurgicale. À la sortie du bloc opératoire, l’infirmière anesthésiste remplit une grille évaluant l’intensité de 15 paramètres physiologiques et comportementaux. Le participant remplit le STAI état, ainsi qu’une grille évaluant l’intensité de 17 troubles postopératoires. Les résultats indiquent un lien entre l’anxiété état et les troubles postopératoires, alors que le rôle de l’anxiété trait n’apparaît pas. L’anxiété état génère des troubles somatosensoriels, lesquels peuvent être évalués de façon tant subjective qu’objective. Les voies d’évaluation impliquent cependant des processus différents : l’anxiété état évaluée avant l’intervention par le personnel soignant est liée à l’expression des troubles tandis que l’anxiété état évaluée après l’intervention chirurgicale par les patients est plus directement impliquée dans l’évaluation des troubles subjectifs, ce qui pose la question d’une amplification somatosensorielle. Les deux types de processus, bien qu’impliquant tous deux l’anxiété, sont susceptibles d’expliquer les divergences entre l’évaluation faite par les soignants et celles effectuées par les patients.

Lien entre anxiété et complications postopératoires en chirurgie dentaire
The link between anxiety and postoperative disorders in dental surgery
M.-C. Gay1, Corresponding author contact information, E-mail the corresponding author, D. Marmion2
Département de psychologie SPSE, université de Paris-Ouest, Paris-10, 200, avenue de la République, 92001 Nanterre cedex, France