Prévention bucco-dentaire : six ans, un âge clé pour les dents

PARIS, 9 juin (APM Santé) – L’âge de six ans représente l’une des plus importantes étapes pour les dents et doit déjà faire l’objet de mesures de prévention auxquelles doivent être sensibilisés les parents, a souligné le Dr Jean-Patrick Druo, chirurgien-dentiste et président de la SFOP (Société Française d’Odontologie Pédiatrique), lors d’un colloque organisé cette semaine par la société Unilever.
“C’est à l’âge de 6 ans que débute le remplacement progressif des dents de lait par une dent définitive et que les premières molaires permanentes pointent, généralement sans histoires, contrairement aux premières incisives qui ont fait parler d’elles. Mais ce silence ne veut pas dire qu’elles ne sont pas importantes. En réalité, elles se révèlent assez vulnérables aux caries, car leur morphologie et l’immaturité de l’émail font toute leur fragilité”, signale le Dr Druo.

La denture lactéale fait place à la denture définitive, mais l’état de l’une va conditionner le succès de l’autre : les premières dents doivent assurer un rôle de guide dans ce passage délicat et si leur état est médiocre, la suite le sera aussi, prévient-il. “Elles jouent donc un rôle plus important que celui d’occuper la place avant les dents définitives”, souligne-t-il.

LES MESSAGES DE PRÉVENTION À FAIRE PASSER À CET ÂGE

Si les parents ne comprennent pas ou ne connaissent pas l’importance de cette étape, les enfants ne le sauront pas mieux, fait observer le Dr Druo.

“Cette étape est pourtant importante, pour le sourire et la phonation, donc l’image donnée de soi, pour la mastication donc pour la nutrition et la croissance, ainsi que pour la maturation des nouvelles dents. Il semble donc inutile d’insister sur les dégâts que le temps et la négligence peuvent engendrer”, insiste-t-il.

“Il est également capital de comprendre le mécanisme de la carie, maladie d’origine bactérienne et le risque inégal d’un individu à l’autre, mais qui peut être atténué par une meilleure hygiène, par une modification si nécessaire des habitudes alimentaires, par une amélioration de l’hôte (la dent) dans sa structure (fluor) et sa morphologie (obturations préventives), enfin, par une neutralisation de l’agressivité de la flore bactérienne”, explique le dentiste.

Mais comment faire passer les messages ? “A six ans, le ‘colloque singulier’ entre l’enfant et le praticien est en réalité un échange à trois. Si la maman semble intéressée, l’enfant le sera aussi. C’est elle qui valide ce que dit le praticien”, reconnaît-il.

Selon lui, l’essentiel est donc de convaincre celle-ci et de rectifier son savoir sur l’origine de la carie, l’inexactitude de ses idées reçues (par exemple, la carie n’est pas héréditaire, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de bonbon à la maison qu’il n’y a pas non plus de risque de carie, ce n’est pas parce qu’il prend son comprimé de fluor tous les jours depuis qu’il est tout petit qu’il est “vacciné” contre la carie…).

Dans un second temps, il faut intéresser l’enfant “au pourquoi et au comment du brossage (technique, temps, …), lui donner les moyens de contrôler la durée (compter, sablier, chanson), ainsi que lui enseigner la totalité du brossage (circuit, dents du haut, dents du bas), recommande le Dr Druo.

Il est important également de convaincre et intéresser à la fois les parents et l’enfant au changement des habitudes alimentaires, au contrôle régulier et à la valeur des soins et si besoin, au risque individuel et à la prévention spécifique, de même, à la modification parfois nécessaire du moment de brossage des dents (le matin après le petit déjeuner, le soir sans rien manger après, par exemple).

L’ÉCOLE, UN RÔLE DE RELAIS SURTOUT EN CP

“La transmission de la connaissance du corps humain et des règles d’hygiène fait partie intégrante de notre devoir d’éducateurs. Cette éducation est récurrente dans les programmes officiels de la petite section de maternelle au CM2”, rappelle Catherine Oliva, directrice d’école primaire.

Même s’il n’est pas facile de se laver les dents à l’école, l’hygiène dentaire est l’une des notions les plus abordables avec les plus petits. Dans cette optique, la classe de CP est souvent la plus importante, car c’est l’âge des apprentissages plus sérieux et celui où l’on perd ses dents. L’enfant de CP s’impliquera, plus facilement, dans toutes ses découvertes par le jeu. “Ainsi, tout apprentissage réalisé sur un plan ludique est certainement plus construit dans son cerveau, surtout s’il est répété tout au long de l’année”, informe-t-elle.

“L’enfant de CP possède des connaissances. Il aime les retrouver, les réentendre, les raconter et pouvoir également les transmettre aux autres, à l’école mais aussi à sa famille. Les documents pédagogiques proposés aux élèves doivent donc être le miroir de toutes les facettes de l’enfant”, poursuit la directrice.

“En ce début de scolarité, la plupart des enfants n’ont pas acquis la lecture et ne fonctionnent que par le biais de l’image. Mais si l’image lui permet de s’identifier à un personnage, tout se mettra en place plus facilement. On passera alors au stade de l’identification à celui de l’imitation”, commente-t-elle.

Si l’enfant est touché par ce que la maîtresse lui a apporté, il aura envie ensuite de devenir à son tour transmetteur et deviendra le relais vers la famille en “obligeant” peut être celle-ci à changer ses habitudes d’hygiène, estime-t-elle./ajr