La recherche et la détermination de la dimension verticale de repos doivent tenir compte des contrôles actifs et passifs précédemment exposés. En conséquence, dans un premier temps, de manière à rétablir l’équilibre tonique postural, le patient est confortablement installé, dans une position qui lui est habituelle, sans stress. Dans un deuxième temps, la dimension verticale de repos est recherchée en invitant le patient :
– à se mouiller les lèvres avec la pointe de la langue ;
– à déglutir, à laisser tomber les épaules ;
– à prononcer les phonèmes « Emma » ;
– à placer une gorgée d’eau sous la langue. Lorsque la mandibule est en position basse, le praticien mesure la distance qui sépare les points repères préalablement déterminés sur le menton et le philtrum. Cette mesure doit être répétée plusieurs fois pour s’assurer des valeurs obtenues. Cependant, cette-technique n’est pas très fiable, car les déplacements du corps mandibulaire ne sont pas mis en corrélation avec les déplacements des tissus mous.
Détermination de l’espace libre
La hauteur des bourrelets ou de la lame est réduite pour créer l’espace libre d’inocclusion. Son importance est évaluée au niveau des premières prémolaires. Théoriquement, l’espace séparant ces dents est de 3 mm en présence de relation dentaire de classe I. Par contre, cette distance se réduit à 1 ou 2 mm en présence d’une classe III et augmente de manièretrès importante, 7 à 12 mm, en présence d’une classe II div.1 et div. 2. Cependant, cet espace libre est soumis à de nombreuses variations entre les individus, et même, sur le même individu, au cours de la journée en fonction de la posture de la tête, du tronc, de la parole, du sommeil, de l’âge, du stress et d’éventuelles manifestations algiques. À cette méthode d’évaluation s’ajoute l’évaluation de l’espace phonétique minimal tel qu’il a été décrit par Silverman. Lors de l’élocution, le bord libre des incisives mandibulaires se déplace dans une enveloppe qui correspond au champ phonétique. Lors de la prononciation des sibilantes « s », le bord libre mandibulaire se situe environ à 1 mm du bord libre des dents maxillaires, distance qui correspond à l’espace phonétique minimal. Celui-ci demeure le plus précis et le plus constant. Cette évaluation doit être complétée par l’analyse du déplacement incisif selon la technique de Pound. Cependant, cette technique n’est réellement utilisable que lors du montage des dents antérieures, le volume, l’épaisseur des bourrelets, des bases d’occlusion étant souvent très différents du volume, du confort d’une maquette en cire. Les altérations des dimensions verticales La précision des différents paramètres de la dimension verticale d’occlusion et de repos se heurte à trois problèmes essentiels : la fiabilité des positions obtenues, leur évolution et leurs modifications. La fiabilité : toutes ces techniques de détermination de la dimension verticale d’occlusion et de repos donnent des résultats relativement divergents. Les erreurs sont dues aux imprécisions des techniques, aux altérations tissulaires. De plus, le port de la prothèse, par son poids, son épaisseur, entraîne le plus souvent des modifications rapides de la dimension verticale de repos, donc de l’espace libre, à la fois par réduction ou par augmentation, plus rarement l’espace libre demeure constant. Globalement, la dimension verticale d’occlusion se situe dans une zone dite confortable de 1 à 2 mm qui évolue avec l’âge, la fatigue la position du patient.
L’évolution : dans le temps, la dimension verticale d’occlusion diminue, suite à la résorption, à l’usure des matériaux des dents prothétiques. Théoriquement, cette diminution de la dimension verticale d’occlusion devrait s’accompagner d’une augmentation de l’espace libre. Mais ce n’est pas toujours le cas, en effet, il peut demeurer constant, avec des conséquences sur l’approche thérapeutique. Les modifications : une question essentielle se pose : quelle attitude thérapeutique adopter en cas de perte de la dimension verticale d’occlusion ? Selon Thompson, il n’est pas possible de modifier la dimension verticale existante, cette affirmation est en partie contredite par les études de Hellsing. La réponse doit être plus nuancée, dépendant essentiellement de la valeur de l’espace libre : si l’espace libre est important, la dimension verticale d’occlusion peut être modifiée de manière rapide et radicale. A contrario, si l’espace libre est resté constant, l’augmentation de la dimension verticale doit être réalisée avec précaution1. En conclusion : « Dans la mesure où on ne sait pas quelle est la dimension verticale d’occlusion correcte, il est impossible de déterminer quelle est la meilleure technique. L’essentiel est de définir quels sont les objectifs qui doivent être atteints quand nous déterminons la dimension verticale d’occlusion. Ceux-ci sont l’espace libre dans une position d’équilibre tonique postural, l’absence de contact entre les dents lors de la phonation et le plus important, un profil esthétique. » Sandro Palla
Source Olivier Hue, MArie Violaine Bertererche Prothèse complète