La technique d’enregistrement de la RC par le Jig de Lucia est intéressante pour les dans les cas de pathologies musculaires, (Dans les cas de pathologies articulaires, cette technique est déconseillée).
Il s’agira dans un premier temps de contrôler la dimension verticale de l’enregistrement et de supprimer les interférences sur le chemin de fermeture en relation centrée
Pour ce faire, un appui antérieur va être réalisé. Cette épaisseur artificiellement adjointe à la face palatine des incisives maxillaires, interdit les contacts cuspidés lorsque la mandibule est placée en relation centrée. L’augmentation de la dimension verticale d’occlusion est aisément maintenue au niveau nécessaire et suffisant pour l’enregistrement par adjonction ou suppression de matière. Les zones d’enregistrement du support seront amincies au scalpel jusqu’à éliminer tout contact avec les dents mandibulaires. La totalité de l’enregistrement de relation centrée sera effectuée avec la pâte à l’oxyde de zinc qui, très fluide lors de sa mise en place, n’introduira aucune interférence sur le chemin de l’élévation en relation centrée.
La technique de l’appui antérieur (Jig), proposé et systématisé par Lucia, a été adapté par de nombreux auteurs. Le type de description d’origine réalise cet appui en résine chemiopolymérisable ; une boulette est appliquée à cheval sur les faces vestibulaire et linguale des incisives centrales maxillaires que l’on a protégées en brunissant sur toute leur surface une mince feuille métallique (métal de Ash n° 3, papier aluminum). On vérifie que le contact des incisives mandibulaires avec la résine provoque une désocclusion des dents cuspidées d’environ 4 millimètres au niveau de la première molaire. La résine est retirée avant polymérisation complète pour ne pas brûler le patient. Une pompe à salive mise en place à chaque retrait de l’appui antérieur, interdit au patient de retrouver son occlusion habituelle. )L’appui, durci et refroidi, reprend sa place. Le patient, guidé par la manњuvre bi-manuelle, est invité à avancer, puis à rétracter sa mandibule. Les contacts occlusaux et les trajectoires sont marqués par un film colorant approprié. On élimine par meulage de la résine sur toutes les traces, à l’exception de celle qui témoigne du contact le plus médian et de ses déplacements sagittaux.
Le meulage détermine deux versants inclinés en dos d’âne autour de cette trace sagittale. La succession des mouvements palinaux jusqu’à leur limite postérieure entraîne le patient et efface ses réflexes conditionnés d’occlusion. Le meulage progressif des versants permet de réduire la hauteur de l’arête jusqu’à l’obtention d’une désocclusion molaire qui n’excède pas l’ordre du millimètre ; le guidage progressivement allongé que l’on fournit aux mouvements sagittaux guide la rétraction mandibulaire en haut et en arrière. Une activité tonique des élévateurs en relation centrée tend à placer simultanément les condyles dans leur position fonctionnelle la plus haute et la plus reculée. La manњuvre bimanuelle assure une position médiane de la mandibule. Les zones d’enregistrement du support sont amincies au scalpel jusqu’à ce que le patient ne perçoive d’autre contact occlusal que celui d’une incisive mandibulaire avec le support antérieur. La durée de la préparation de ce support doit s’élever, selon Lucia, à 20 minutes pour que soient abolis les comportements habituels d’occlusion. Il est clair que, selon les patients, cette durée peut s’avérer excessive ou insuffisante. Lorsqu’un enregistrement plus rapide est souhaité, le support d’occlusion peut être réalisé par des « cales d’épaisseur » associées et éventuellement collées à la face linguale des incisives maxillaires. Un support en pâte thermoplastique ou en cire dure est envisagé par d’autres auteurs.
Pour l’enregistrement de la relation centrée, la zone mandibulaire d’enregistrement est garnie de pâte à oxyde de Zinc eugénol sur un support refroidi. L’ensemble est placé sur l’arcade maxillaire. Le patient guidé en relation centrée établit l’occlusion de relation centrée puis serre les dents en s’opposant à la résistance du support antérieur; Après durcissement, l’ensemble de l’enregistrement est refroidit séché examiné puis ébarbé à sa face mandibulaire come il l’avait été sur sa face maxillaire. 0n vérifie que l’enregistrement s’engage complètement sur le modèle maxillaire comme sur le modèle mandibulaire
On grave des rétentions dans la base du module mandibulaire, on l’imbibe d’eau. Une plaquette de montage est vissée sur la branche mandibulaire de l’articulateur ; on vérifie sa bonne mise en place. La tige incisive est haussée sur la branche maxillaire de l’articulateur du double de l’épaisseur de l’enregistrement au niveau des premières molaires. En moyenne 3 à 4 millimètres d’augmentation de la dimension verticale conviennent. La branche maxillaire est renversée sur le plan de travail. Elle repose sur les leviers de serrage condylien et l’extension de la tige incisive. L’enregistrement de la relation centrée est placé sur le modèle maxillaire. Le modèle mandibulaire prend sa place dans les indentations. Les condyles de la branche mandibulaire de l’articulateur sont placés dans les mécaniques maxillaires. Les verrous de centrage sont bloqués de façon à ne plus autoriser que des mouvements de rotation autour de l’axe charnière de l’articulateur. La quantité nécessaire et suffisante de plâtre à empreintes est appréciée, préparée puis apportée pour assurer la fixation du modèle mandibulaire à sa branche de l’articulateur (photos 37, 38)..
Toutes les étapes d’enregistrement que nous avons détaillées peuvent se réduire, voire se confondre. Dans un même mouvement, la cire ramollie pliée en trois, indentée au maxillaire est découpée ; encore plastique on la reporte en bouche ; on l’indente en relation centrée. Refroidie, elle est prête pour le montage. Nous répétons qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise technique, mais des moyens plus ou moins appropriés pour atteindre un objectif préalablement défini. Il serait absurde de gaspiller du temps pour un enregistrement destiné à la confection d’un plan de morsure comme il serait absurde de gagner du temps sur un enregistrement déterminant la réussite des étapes ultérieures du traitement.
Source : Claude Valentin : la Consultation en Odontologie, Occlusodontie – ADF 1999 “Les enregistrements des relations intermaxillaires”
Stéphane ESCURE