OBJECTIFS
La présente étude s’est fixé comme but de déterminer la force de liaison de différents adhésifs self-etch (automordançants) sur l’émail non préparé. Nous sommes partis de l’hypothèse nulle selon laquelle, dans les mêmes conditions de laboratoire, différents systèmes adhésifs self-eich manifestent le même potentiel de rétention.
MATERIAUX ET METHODES :
Trois systèmes adhésifs automordançants (Bond Force Tokuyama, AdheSE One Ivoclar-Vivadent, Xeno V Dentsply) et un adhésif avec mordançage et rinçage (Prime S Bond NT Dentsply, groupe de contrôle) ont été appliqués sur de l’émail non préparé. Un cylindre de résine a été fabriqué avec des matériaux spécifiques (respectivement Estelite Flow Quick Tokuyama, Tetric EvoCeram Ivoclar-Vivadent et Esthet-X Dentsply). Les échantillons ont été conservés pendant 24 heures (à 37 °C avec une hygrométrie relative de 100 %), puis sectionnés
en bâtonnets pour l’essai de microtraction (1 mm2) et sollicités jusqu’à la rupture. Les données ont été analysées statistiquement à l’aide du test Kruskal-Wallis par rangs et du test de Dunn par confrontations multiples, en incluant les fractures prématurées comme valeur nulle. Le type de fracture a été analysé au microscope électronique à balayage.
PRÉPARATION DES ÉCHANTILLONS
Des troisièmes molaires humaines non cariées ont été sélectionnées pour cette étude. Elles ont été stockées dans une solution de Clamorine T à 0.5 % à 4 °C pour prévenir la prolifération bactérienne. La racine de chaque dent a été sectionnée sous la jonction amélo-cémentaïre à l’aide d’un disque diamanté (scie basse vitesse isomet, Buehier Ltd, Lake Bluff, II, USA) puis refroidie à l’eau, de façon à exposer la chambre pulpaire. Il a été procédé à l’ablation du tissu pulpaire à l’aide d’une lime, en s’assurant de ne pas toucher les parois de la chambre pulpaire.
PROCÉDURE DE RETENTION
La surface la plus plate entre la face vestioulaire et la face linguale de chaque dent a été nettoyée à la pierre ponce. Les dents ont été réparties en quatre groupes expérimentaux (nb=7) selon le matériau adhésif utilisé : 1) Tokuyama Bond Force [Tokuyama Dental Corp, Tokyo, Japon) ; 2) AdheSE One (Ivoclar-Vivadent, Schaan, Liechtenstein) ; 3) Xeno V (Dentsply DeTrey, Constance. Allemagne) ; 4) Prime & Bond NT (Dentsply DeTrey, Constance, Allemagne). Sur la surface traitée avec l’adhésif, on a créé une reconstruction en composite (Rg. 1) en stratifiant deux incréments de 2 mm d’épaisseur (diamètre : 8mm : hauteur : 4mm). Chaque incrément a été photopolymérisé pendant 40 secondes à l’aide d’une lampe halogène (Astralis 7. Ivoclar Vivadent. Schaan, Liechtenstein, 500 mW/cm!). Tous les matériaux ont été utilisés conformément aux indications du fabricant, à une température ambiante de 23° C ± 1,0° C et une humidité relative de 50 % ± 5 %. Les échantillons préparés ont été conservés pendant 24 h dans une étuve de laboratoire à 37° C et à une humidité relative de 100 % jusqu’à la réalisation de l’essai de force de liaison par microtraction.
MESURE DE LA FORCE DE LIAISON PAR MICROTRACTION
Les dents ont été coupées verticalement en sections de 1 mm d’épaisseur a l’aide d’un disque diamanté (scie basse vitesse Isomet, Buehier, Lake Bluff, IL, USA). Chaque section a été fixée à une plaque de verre avec de la cire collante, et l’on a obtenu une série de bâtonnets de 0.9 x 0,9 mm de section transversale suivant la méthode de • non-trimming » du test de microtraction. Chaque échantillon a été mesurée à l’aide d’une jauge numérique (Orteam s.r.l, Milan, Italie), collée avec du cyanoacrylate (Super Attak Gel, Henkel Loctite Adhésifs s.r.l) au dispositif de Gerardeli, et testé dans un chargeur universel (Triax Digital 50, Controls, Milan, Italie ; vitesse 0,5 mm/min) jusqu’à la désunion. Les modalités de rupture ont été évaluées par un unique opérateur au stéréo microscope (Olympus SZ-CTV, Olympus, Tokyo, Japon) a agrandissement 40x et cotées comme étant cohésives (à l’intérieur du cément, de la dentine ou du composite), adhésives (entre le composite et le cément ou au niveau du cément/de la dentine) ou mixtes (des ruptures adhésives et cohésives se sont vérifiées en même temps).
ANALYSE STATISTIQUE
Les ruptures prématurées ont été incluses comme valeur zéro. Puisque la distribution des données de force de liaison n’était pas normale (test de Kolmogorov-Smirnov), la force de liaison entre les groupes expérimentaux a fait l’objet d’une analyse de la variance de Kruskall-Wallis afin d’évaluer la significativité des différences. Les comparaisons a posteriori un été effectuées avec le test de Dunn. Le niveau de significativité a été fixé à p<0,05.
ÉVALUATION AU MICROSCOPE ÉLECTRONIQUE À BALAYAGE (SEM)
Quatre échantillons fracturés de chaque sous-groupe expérimental (précédemment cotés comme étant des ruptures adhésives ou mixtes) ont été déshydratés à l’aide de solutions d’éthanol à concentrations croissantes, montés sur des supports métalliques, revêtus d’or (Polaron Range SC 7620, Quorum Technology, Newhaven, UK) et analysés au microscope électronique à balayage (SEM, JSM-6060LV, Jeol, Tokyo, Japon) à différents agrandissements.
Bond Force a obtenu des valeurs de force de rétention supérieures aux autres adhésifs tout en un. Prime&Bond NT (adhésif de contrôle) a démontré le potentiel de liaison le plus élevé. Le tableau illustre les statistiques descriptives et la significativité des différences entre les groupes. C’est la rupture de type mixte qui a été rencontrée le plus souvent (Fig.2)
Bond Force a atteint des valeurs de force de rétention à l’émail non traité supérieures aux autres adhésifs tout en un.
Pr Marco Ferrari Directeur et Professeur, Département des Matériaux Dentaires Département de Dentisterie Restauratrice Université de Sienne
Pr Marco Ferrari Directeur et Professeur, Département des Matériaux Dentaires Département de Dentisterie Restauratrice Université de Sienne