L’évaluation de la douleur reste difficile chez le jeune enfant. C’est pourquoi l’équipe de médecins dirigée par le Dr Thomas Beattie, du service des urgences de l’hôpital royal des enfants malades d’Edimbourg (Ecosse), a cherché à déterminer si les évaluations menées par les jeunes malades, par leurs parents ou par les soignants qui les prennent en charge aboutissent à des résultats comparables.
Les auteurs ont donc suivi 73 enfants âgés de 4 à 14 ans admis dans un service d’urgences pédiatriques pour une blessure douloureuse. Chacun de ces jeunes malades a bénéficié d’une triple évaluation de la douleur à son admission dans le service : une auto-évaluation, une évaluation par la personne qui l’accompagnait et enfin une dernière menée par un membre de l’équipe soignante (infirmière ou médecin).
Pour chaque examen, deux échelles différentes d’évaluation de la douleur ont été utilisées. D’une part l’échelle des visages a permis au malade de choisir, parmi une série de visages stylisés -dont l’expression, plus ou moins grimaçante, exprime une douleur plus ou moins intense- celui qui lui ressemble le plus lorsqu’il a mal. D’autre part l’échelle visuelle analogique, une petite réglette munie d’un curseur, a permis au jeune patient de positionner ce dernier entre l’extrémité indiquant “pas mal du tout” et celle indiquant “très très mal”, en fonction de la douleur ressentie.
L’analyse des résultats ainsi recueillis a permis de constater que les scores obtenus lors de l’évaluation menée par les professionnels de santé s’avéraient significativement plus bas, quel que soit l’outil considéré, que ceux issus des évaluations conduites par les parents ou par les jeunes malades eux-mêmes. Les professionnels de santé sous-estiment donc la douleur par rapport aux patients.
D’autre part, les scores de douleur obtenus par l’échelle des visages ou l’échelle visuelle analogique se sont montrés comparables dans chaque situation, notent les auteurs, qui regrettent cependant de ne pas encore disposer d’un outil d’évaluation de la douleur pédiatrique permettant une amélioration de la concordance des résultats./mr
Source : European Journal of Emergency Medicine, décembre 2003, vol. 10, n° 4, p. 264-267)