La carie dentaire découle d’un déséquilibre écologique buccal, reflété avant tout dans la plaque dentaire. Cette pellicule alimentaire résiduelle, amalgamée par la salive et visible au niveau des couronnes dentaires sous l’aspect d’une pellicule blanchâtre, se développe en l’absence de brossage efficace. Elle est le lieu de pullulation d’une flore microbienne variée avec, en particulier, Streptococcus mutans salivarius, Lactobacilles sanguis ou Actinomyces. L’adhérence de la plaque et sa cohésion sont majorées avec l’élaboration de polymères polysacchariques par les bactéries et les glycoprotéines salivaires.
La plaque a une structure microbienne complexe avec, en profondeur, en particulier au niveau sous-gingival, des bactéries anaérobies de type spirilles (spirochètes ou tréponèmes) et, en surface, des bactéries aérobies [8].
Les sucres alimentaires tels que saccharose et glucose sont utilisés par ces bactéries. Cette structure se constitue en plusieurs jours, d’où l’importance du facteur temps dans l’application des mesures préventives. La plaque peut ensuite se calcifier et former du tartre à la surface duquel les bactéries se fixent (aucune d’entre elles ne peut survivre). La corrosion de l’émail dentaire est le résultat de l’action chimique directe de bactéries acidogènes ou productrices d’enzymes proléolytiques. Plusieurs théories ont été proposées pour exprimer le phénomène de caries : la plus admise actuellement est la théorie acidogénique. Les bactéries de la plaque dentaire métabolisent les sucres alimentaires, en particulier le saccharose, et produisent des acides (comme l’acide lactique) qui dissolvent en quelque sorte les cristaux d’hydroxyapatite de l’émail [5].
Une maladie infectieuse plurifactorielle
La carie est donc une réelle maladie infectieuse plurifactorielle dont le développement est lié :
* à la qualité de l’émail plus ou moins résistant à l’attaque chimique ; cette qualité de l’émail est génétiquement contrôlée ; c’est à ce niveau que l’ion fluor agit ;
* à la qualité de l’alimentation : plus celle-ci est molle et sucrée et plus le risque de développement de caries est grand, quelle que soit la forme de l’apport (bonbons, boissons sucrées, médicaments) ;
* à la qualité du brossage : l’efficacité préventive du brossage triquotidien est prouvée ;
* à la qualité et au débit salivaires : la salive a un rôle important en tant que fluide de la cavité buccale dont les flux sont incessants, en particulier sur toutes les faces des couronnes dentaires grâce au mouvement incessant du flux salivaire propulsé par la langue. Si le volume diminue, la fréquence des caries augmente, par exemple en cas d’irradiation cervico-faciale bilatérale par sidération des glandes salivaires principales. Le débit salivaire augmente au cours des repas et devient nul pendant le sommeil ; c’est pourquoi les mesures préventives ont une importance particulière le soir au coucher. Les glycoprotéines salivaires participent à la plaque dentaire et le pH du milieu buccal est également à prendre en compte, ainsi que les immunoglobulines salivaires.
Diffusé le 07/01/2000 Source “Le Généraliste”
extrait de l’article “Prévenir les caries de l’enfant”
Drs B. Duboc, J.-D. Mettoudi, Pr D. Ginisty
Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Paris
diffusé sur Atmedica.com