Les femmes font en moyenne deux visites par an chez le dentiste, contre 1,5 pour les hommes (1)
De la puberté à la ménopause, les tissus gingivaux réagissent à la production d’hormones sexuelles (estrogènes et progestérone). A la puberté, l’augmentation de cette production hormonale se traduit par une sensibilisation accrue des tissus gingivaux, les gencives peuvent apparaître boursouflées, rouges. Des saignements peuvent survenir spontanément, ou le plus souvent lors du brossage.
La présence de plaque dentaire, traduisant une hygiène insuffisante, peut accentuer le phénomène. A cet âge, chez la jeune fille, un renforcement de l’hygiène bucco-dentaire est recommandé pour éviter des lésions gingivales irréversibles.
Dans la seconde partie du cycle menstruel, surtout en fin de cycle (trois ou quatre jours avant les règles), des modifications gingivales peuvent apparaître, une gingivite, souvent accompagnée d’un accroissement papillaire limité à une ou deux papilles, généralisé parfois. Des saignements spontanés sont courants et le port des prothèses fixes (bridge, couronne) ou amovibles est mal supporté.
La grossesse peut également avoir un retentissement sur les gencives. Une gingivite gravidique peut débuter au cours du deuxième ou du troisième mois et se poursuivre jusqu’à la fin de la grossesse, très semblable à la gingivite pouvant être observée en fin de cycle. Une hygiène très rigoureuse accompagnée de bains de bouche et un entretien soigneux des prothèses permettent d’éviter des lésions importantes, irréversibles. Il arrive parfois chez la femme enceinte que la réaction gingivale soit violente en cas d’irritations à proximité d’éléments prothétiques ou à proximité d’anomalies anatomiques (malpositions…) ; des pseudotumeurs apparaissent sur les gencives. Bourgeonnantes, elles saignent au moindre contact. Elles sont bénignes, disparaissent après l’accouchement ; il est tout de même souhaitable de les éliminer par chirurgie, et de supprimer la cause de l’irritation.
En début de grossesse :
Pour éviter ce type de complications, le mieux est de consulter le chirurgien-dentiste en début de grossesse, qui supprimera toutes les causes éventuelles d’irritations gingivales et donc de gingivites. D’autant plus que de récentes études américaines ont montré un lien entre la naissance d’enfants de faible poids, d’accouchements prématurés et les parodontites.
Quant à la pilule, il est évident que cet apport supplémentaire d’hormones peut modifier l’état des gencives. Mais les pilules actuelles, très faiblement dosées, n’ont que très peu de conséquences sur l’état des gencives. Lors d’une contraception orale, on doit associer une hygiène bucco-dentaire rigoureuse à une surveillance parodontale accrue.
Enfin, la ménopause, qui entraîne une chute des hormones, a surtout un retentissement au niveau de l’os alvéolaire ou plutôt, de façon plus générale, au niveau osseux, avec une diminution de la masse osseuse. La mise en route d’un traitement substitutif hormonal limite le risque de développer une maladie parodontale. Le risque de perte de dents par atteinte gingivale se trouverait réduit de 24 à 38 %. Au niveau des tissus mous, on peut parfois observer une atrophie de l’épithélium avec une diminution de la kératinisation. Une gingivite de la ménopause est possible : la gencive apparaît brillante, très pâle ou très foncée, très sèche, les gingivorragies ne sont pas rares. Des sensations de brûlure accompagnent ce tableau, avec une sensation exacerbée aux variations thermiques. Le port des prothèses est souvent mal supporté dans ce contexte clinique. Là aussi, l’hygiène minutieuse est importante, et éventuellement une vérification des prothèses existantes pour limiter tout risque de frottements.
Si les variations hormonales ont une incidence sur l’état bucco-dentaire des femmes, il faut reconnaître que les femmes, par confort ou par coquetterie, prennent beaucoup plus soin de leur bouche que les hommes. On estime les visites des femmes chez le chirurgien-dentiste à 2 par an, contre 1,5 pour les hommes, et une récente étude montre que 70 % des femmes suivent un traitement régulier contre 30 % des hommes.
Il faut préciser que le retentissement de ces variations hormonales sur les gencives chez la femme au cours de sa vie génitale est très atténué si les mesures d’hygiène sont constantes et efficaces. Il faut prévenir les femmes de leur existence, et les chirurgiens-dentistes souhaitent une mise en garde des médecins généralistes et des gynécologues lors de la prescription des grossesses ou de la prise de contraceptifs oraux.
Selon certains (2) , la prise de contraceptifs oraux aurait une influence sur le statut parodontal des femmes de 20 à 35 ans qui s´y seraient soumises. Après avoir enregistré l´index de plaque, l´indice de saignement gingival, la profondeur des sulcus, le niveau d´attachement gingival sur six zones par dent, les résultats des cohortes qui prenaient la pilule et celles qui s´en abstenaient ont été comparés. Les non utilisatrices avaient moins de perte d´attache, moins de profondeur de poches, beaucoup plus de sites à gencives saignantes. Conclusion : les utilisatrices avaient et ont une bien plus mauvaise santé parodontale que les autres.
(1) Entretiens de Garancière : session sur l’état bucco-dentaire des femmes avec, pour modérateur, le Pr Philippe Bouchard (Paris-VII).
(2) Journal of Periodontology Aout 2007, Vol. 78/ 6, Pages 1031-1036…