Socransky, en 1998, a montré que les espèces bactériennes impliquées dans les pathologies parodontales pouvaient être regroupées par groupes. La notion de complexes bactériens dans la flore parodontopathogène prend forme : il n’est plus possible de parler de pathogénie parodontale associée à une seule bactérie, hormis pour Actinobacillus actinomycetemcomitans.
On retrouve donc :
• Actinobacillus actinomycetemcomitans sérotype b qui forme un complexe à lui seul, n’ayant pas pu être rapproché des autres bactéries ;
• le complexe jaune : formé de Streptococcus sp.
• le complexe vert : Capnocytophaga spp., Actinobacillus actinomycetemcomitans sérotype a, Eikenella corrodens et Campylobacter concisus ;
• le complexe violet : Veillonella parvula et Actinomyces odontolyticus ;
• le complexe orange : Campylobacter gracilis, Campylobacter rectus, Campylobacter showae, Eubacterium nodatum, Prevotella intermedia, Prevotella nigrescens, Peptostreptococcus micros, Campylobacter rectus, et les sous-espèces de Fusobacterium nucleatum ;
• le complexe rouge : Porphyromonas gingivalis, Tannerella forsythensis et Treponema denticola
L’existence de ces complexes repose sur le fait que les bactéries qui les composent sont plus souvent retrouvées ensemble qu’avec celles des autres complexes. Les bases biologiques de ces associations ne sont pas connues, mais certaines bactéries pourraient sécréter des facteurs de croissance pour les autres. De plus, des associations intercomplexes existent, le complexe orange étant fortement lié au complexe rouge, et les complexes jaune et vert étant eux aussi en relation. Enfin, l’existence d’exclusions mutuelles entre des espèces différentes présuppose un antagonisme bactérien, ou tout au moins une déformation de la niche écologique en faveur des espèces présentes.
Ces complexes se retrouvent à différents stades au cours de la pathologie : les premiers à intervenir sont les complexes vert et jaune, le complexe violet pouvant servir de lien entre ceux-ci et les complexes orange et rouge, que l’on retrouve dans les poches les plus profondes et dans les tableaux cliniques les plus révélateurs de phase active de parodontites.
Les études renforcent encore la notion de complexes, et l’on retrouve une association écologique très forte entre Tannerella forsythensis et Porphyromonas gingivalis, ces deux espèces bactériennes étant retrouvées de plus en plus fréquemment et en association avec une aggravation de la pathologie.
Enfin, on retrouve les complexes orange et rouge de façon plus fréquente et en proportion plus importante dans la flore des patients répondant très faiblement au traitement.
EMC – Odontologie
Volume 1, Issue 1 , March 2005, Pages 46-57 – Pathogénie bactérienne des parodontolyses
Bacterial pathogenesis of parodontolysis
T. Dufour, , Interne en odontologie and J.-M. Svoboda, Maître de conférences, praticien hospitalier
Section de parodontologie, UFR d’odontologie de Reims, 2, rue du Général-Koenig 51100 Reims, France