Les chirurgiens dentistes, les oubliés de la réforme de Sécu.

PARIS, 17 novembre (APM Santé) – Les syndicats de chirurgiens-dentistes UJCD-Union dentaire et la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD) estiment être les oubliés de la réforme de l’assurance maladie et réclament une prise en compte rapide du problème dentaire.

Pour l’UJCD-Union dentaire, qui estime que “la santé dentaire a été oubliée dans le grand chantier de la réforme”, l’action revendicatrice prendra la forme d’une campagne d’affichage dans les rues de Paris afin d’interpeller les pouvoirs publics, indique le syndicat dans un communiqué publié mardi.

“La population attend depuis longtemps que les soins dentaires soient bien remboursés”, estime le syndicat, qui regrette que la formation continue des dentistes, ainsi que la mise à jour constante de leurs plateaux techniques constituent autant d'”avancées médicales” qui ne seront “jamais remboursées ni par l’assurance maladie, ni par les mutuelles”. Un grand congrès de la profession se tiendra la semaine prochaine à Paris.

La CNSD estime de son côté qu’il est urgent de procéder à une revalorisation des soins de base et de trouver une solution à la pénurie des dentistes. “Un chirurgien-dentiste doit pouvoir vivre en effectuant principalement des soins de base remboursables”, indique la confédération dans un communiqué.

Or pour Jean-Claude Michel, son président, la non revalorisation des soins de base depuis plus de vingt ans conjuguée à la baisse des effectifs contribue à dissuader les chirurgiens-dentistes de s’installer dans les banlieues et les zones rurales.

“Une profession qui n’assure pas son renouvellement est une profession condamnée”, a-t-il déclaré lundi à APM Santé.

AUGMENTER LE NUMERUS CLAUSUS

Selon lui, il faut impérativement augmenter le numerus clausus des étudiants en dentaire, à hauteur d’une centaine de dentistes par an pendant six ans. “On passerait de 930 à 1.600”, explique-t-il, “et ce rééquilibrage entrants/sortants est nécessaire sinon c’est la catastrophe”, insiste-t-il.

De plus, il convient d’organiser un numerus clausus régional afin de mieux répartir les membres de la profession sur le territoire et éviter les zones de carences en recourant à l’incitation à l’installation.

Selon ses calculs, quelque 8.000 dentistes de la génération issue du “papy-boom” devraient arriver à la retraite d’ici à 2008. “Sur 40.000 dentistes en activité, c’est énorme !”, précise-t-il.

La question des tarifs se pose avec acuité selon lui, puisqu’ils dissuadent les jeunes de s’installer, notamment en province: “essayez de pratiquer des dépassements d’honoraires en province, c’est suicidaire pour un dentiste. Quant au déconventionnement, c’est la mort économique en province. Les patients veulent des soins remboursables, et ils ont raison !”

Selon lui, les dentistes optent du coup pour des zones urbaines, voire Paris, où ils pourront effectuer plus d’actes en “secteur libre”, donc plus rémunérateurs, comme les prothèses ou les implants.

“Aujourd’hui, un dentiste effectue des soins conservateurs les deux tiers du temps. Or, cela ne lui rapporte qu’un tiers de ses recettes”, déplore-t-il. Il réclame ainsi, par exemple, que l’un des actes les plus pratiqués en termes de soins conservateurs, le traitement d’une carie, passe d’un tarif opposable de 14,66 à 40 euros./vg

Mercredi 17 novembre 2004 – Copyright © APM-Santé