Résultats : A partir de 2 089 examens de bénéficiaires et de 3 916 réponses de praticiens traitants, le pourcentage national d’abandon de traitement était évalué à 16,1 % avec l’importantes variations géographiques. Le patient était à l’origine de l’abandon dans neuf cas sur dix. Lorsque ce dernier survenait au cours des deux premières années, trois motifs étaient associés : contraintes du traitement, coût du traitement et absence de perception des conséquences d’un abandon. Parmi les bénéficiaires en situation d’abandon, 60,8 % présentaient une ou des dysmorphoses résiduelles reconnues pathogènes.
Parmi les abandonnants potentiels, 43,0 % des abandons de traitement ont été confirmés par le praticien ou le patient, ou les deux à la fois (1 672). Les 57,0 % restants représentaient soit des traitements terminés, soit des interruptions provisoires de traitement. Le pourcentage d’abandon en orthopédie dento-faciale au cours des deux premières années de traitement était de 12,8 %. Les garçons abandonnaient plus que les filles : 14 % contre 11,9 %. Plus de la moitié des abandons de traitement (7,1 %) constatés dans les deux premières années se produisaient au cours du premier semestre . Le taux d’abandon était plus élevé (21,5 %) chez les patients suivis en centres de santé Les pourcentages d’abandon les plus élevés étaient relevés dans le sud de la France (> 13,0 %), ainsi qu’en Ile-de-France (15,9 % , en Haute-Normandie (15,9 % ) et aux Antilles-Guyane (27,0 % ). Les pourcentages d’abandons de traitement des patients affiliés au régime général (12,9 %) et ceux du régime agricole (12,4 %) étaient très proches (écart non significatif). La possession ou non d’une couverture complémentaire influençait le pourcentage d’abandon de traitement, qui était presque le double (67,3 %) chez les assurés dépourvus de couverture complémentaire (valeur appréciée uniquement chez les patients ayant répondu à la convocation). Les raisons de l’initiative de l’abandon étaient concordantes, entre le patient et le praticien, dans 83,0 % des cas. Dans ces dossiers, le patient était seul à l’origine de l’abandon de traitement dans plus de neuf cas sur dix. Les motifs d’abandon les plus cités par les patients, que l’initiative leur revienne ou qu’elle soit conjointe avec le praticien, étaient : dispositif contraignant ou douloureux (33 %), raison financière (25 %), non-perception de l’importance du traitement (24 %) et résultat apparent suffisant (23 %). Les garçons évoquaient plus fréquemment un « dispositif contraignant ou douloureux »(40,0 %) que les filles (27,0 %). Parmi les abandonnants, le motif financier comme cause d’abandon était avancé par 53,0 % des assurés ne bénéficiant pas d’une couverture complémentaire contre 19,0 % par ceux en bénéficiant. Lorsque l’initiative de l’abandon revenait au praticien ou était conjointe, les motifs étaient différents. Les plus fréquemment cités étaient : défaut de port des dispositifs amovibles (32 %), présence irrégulière au rendez-vous (28 %), manque d’hygiène du patient (26 %), et compromis thérapeutique jugé acceptable (20 %). Lorsque l’initiative revenait au patient ou était conjointe avec le praticien, le principal motif cité était un résultat apparent suffisant (41,0 % contre 23,0 % dans le premier échantillon). Le motif financier était évoqué dans 8,0 % des cas contre 25 % dans le premier échantillon. Le motif principal d’abandon cité par le praticien lorsqu’il était seul à l’origine de l’initiative ou conjointement avec le patient était une présence irrégulière au rendez-vous (48,0 % contre 28,0 % dans le premier échantillon).
Les résultats de cette étude indiquent l’existence d’un surcoût financier direct induit par ces abandons de traitement. En effet, les traitements abandonnés, pour lesquels les patients sont porteurs de dysmorphoses résiduelles pathogènes, n’ont apporté aucun bénéfice de santé bucco-dentaire, voire ont aggravé quelquefois l’état initial (traitement avec extractions dentaires, par exemple). Dans ces cas, les prestations inutilement versées par l’Assurance maladie s’élèveraient à près de 170 000 euros pour l’échantillon national de l’étude…
Conclusion : Un pourcentage d’abandon de traitement limité mais non négligeable au regard de la santé publique et qui incite l’Assurance maladie à entreprendre une sensibilisation des professionnels
de santé par la communication des résultats de cette étude, et des assurés par la diffusion d’une plaquette d’information sur l’enjeu d’un traitement d’ODF et ses conséquences en cas d’abandon.
Rev Med Ass Maladie 2003;34,4:249-257
Apprehending and Preventing Patient Withdrawal From Orthodontic Treatment
Gustin A1, Busson O2, Tréguier M3, De Valence H4, Dorin M5, Gérard Ph6