Nous n’en sommes pas encore ici à l’étape du provisoire. En effet, en raison de la finesse de la facette et de l’approche fondamentalement conservatrice, la préparation de la dent est en rapport étroit avec le volume final de la restauration. Cette évaluation in vivo et l’approbation de la maquette par le patient doivent par conséquent précéder les préparations dentaires
Puisqu’il y a ajout de matériau sans préparation, le masque s’adresse à des cas ou le volume des dents doit être redéfini par ajout. C’est le cas le plus fréquent à cause nottament de l’usure physiologique ou pathologique mais aussi afin de redonner la dominance incisive.
Si les volumes des dents doivent être redéfini par soustraction-déplacement, c’est un masque (provisoire) qui sera réalisé après cette ébauche de préparation.
Un masque plus élaboré est nécessaire si le contexte préopératoire est complexe. Ce masque sera alors réalisé au laboratoire à partir d’une empreinte de précision.
:: METHODE DE REALISATION D’UN MASQUE DIAGNOSTIC
Technique directe
-réalisation d’une clé en silicone
En appliquant du matériau (haute viscosité) Putty sur le Wax up, on réalise une clé en silicone. Elle sera plus rigide et précise à condition de le laisser polymériser sous une pression de 4 Atm dans une prese hydrolique ou un compacteur. Le silicone doit recouvrir au moins la moitié d’une dent de chaque côté du secteur modifié mais les face pallatine doivent rester accessible pour permettre l’élimination rapide des excès de résine.
-Préparations de la duplication en bouche
On comble les contre dépouille avec de la cire collante et on graisse les dents et les tissus mous environnantsavec un gel de glycérine ou de la vaseline afin d’éviter toute adhérence de la résine.
-Essayage de la clé en silicone en bouche :
La clé issue du Wax up (lequel est censé objectiver les restaurations prothétiques les plus esthétiques possible.) est essayée en bouche et l’on peut alors se rendre compte, en vue coronaire, de diverses “imperfections” à corriger.
. un mauvais positionnement de la ligne médiane interincisive.
. un espace insuffisant pour le masque au niveau vestibulaire (zone qui devra être corrigée par fraisage)
. un espace trop important pour le masque que l’on corrigera par léger ajout de composite.
-Remplissage de la clé
On remplit la clé avec de la résine liquide de type New Outline (Axadent). Lorsque la résine a un aspect absolument mat, on positionne la clé en bouche. Il s’agit de bien attendre que la résine soit polymérisé afin d’éviter toute déformation.
. Adjonction de colorant photopolymérisables
Pour les patients les plus exigeants, il s’agira, par soucis extrème de biomimétisme, d’infiltrer le masque réalisé en bouche par des colorants bruns photopolymérisables (Kolor Plus, Kerr) infiltré au niveau des espaces interdentaires pour donner l’impression de dents unitaires. Puis de la résine fluide de glaçage (Palaseal Kulzer u Skin Glaze de Anaxdent) est appliquée à la surface du masque et photopolyémrisée. Une couche de gel de glycérine est appliquée à la surface du masque suivie d’une nouvelle photopolymérisation afin d’obtenir un lustre parfait.
Technique indirecte
Le masque est élaboré au laboratoire à partir du modèle d’étude, toujours grâce à des résines acryliques autopolymérisables et non avec des composites de laboratoire car ils sont trop rigides.
La réalisation au laboratoire permet un résultat plus élaborés et des caratérisations qu’il est parfois plus difficile de reproduire par technique directe. Des matériaux acyliques de translucidité différentes (émail et dentine) ont été utilisé avec la technique sandwish. Parfois en raison de l’incompatibilité des axes d’insertion, le masque peut être sectionné en 3 segments de deux dents chacun. Ces reconstitutions provisoires seront fixées en bouche par une résine provisoire transparente puis connectés et bloqués mécaniquement en ajoutant de la résine fluide dans les embrasures pallatine
:: ESSAYAGE ET REACTIONS DU PATIENT
Le masque prétend redonner le volume perdu au cours des âges. Le patient pourra être surpris dans les premiers temps. Une évaluation esthétique objective nécessite un essais clinique de l’ordre d’une à deux semaines.
Le masque fin et fragile, sera confié au patient dans une boite en plastique pour pellicule photo.
Il peut être sois amovible (à condition d’indiquer au patient une méthode d’insertion et de désinsertion) sois fixé au moyen de résine adhésive après mordançage punctiforme de l’émail.
Le masque aide le patient à indentifier par exemple :
.un défaut d’alignement des festons gingivaux que l’on conrrigera ultérieurement par gingivectomie.
.un défaut d’alignement de la ligne du sourire. (l’intégration du masque dans l’environnement gingivo labial n’est pas reproductible sur un simple modèle d’étude)
. un défaut de symétrie des dents
. un rapport longueur largeur à corriger
Le patient sera plus à l’aise pour nous faire part de ses desiderata.
Il peut souhaiter des formes plus douces, plus arrondies ou au contraire plus carrées.
Dans certains cas on peut observer un remodelage de la lèvre par la préforme ce qui met en évidence l’intérêt de cette approche douce et progressive. L’adéquation entre la forme des dents et la personnalité du patient peut alors être prise en compte de façon naturellement harmonieuse. En effet la pleine expression de la personnalité du patient et son harmonie ne peuvent être envisagée que dans une liberté, un respect et une confiance totale…
Ce temps d’étude du projet prothétique travaille également en faveur du praticien qui a tout le loisir d’affiner sa perception du Beau à un degré élevé dans cette même harmonie (liberté, respect, confiance réciproque…)
Des photographies des différents masques et/ou avant et après retouche doivent être proposées au patient. Les préparations définitives ne sont entreprises qu’avec l’accord du patient. Les photographies peuvent alors êtres éventuellement annotées pour préciser des modifications mineures sur les restaurations finales.
Le masque devient alors une véritable maquette du sourire qui rend les préparations parfaitement controlées et le résultat le plus prévisible possible.Source : restaurations adhésives en céramique sur dents antérieures : approche biomimétique.
Pascal Magne, Urs Belser. – Paris : Quintessence International, 2003