A l’avant du large camion blanc, un laboratoire à prothèses, où seront adaptés les appareils dentaires déjà existants « pour éviter aux patients âgés, et parfois handicapés, une succession de visites longues et fatigantes », explique William Gardey, président du conseil de la CPAM de Paris. Au centre, pour les consultations, le fauteuil pivote pour permettre à des personnes peu mobiles de s’y installer. Et l’extrémité du véhicule est dotée d’une plate-forme élévatrice pour les patients en fauteuil roulant. 200 000 € ont été débloqués pour acheter et équiper le Bucco-Bus.
« Ils ne peuvent pas s’alimenter » Depuis quelques semaines, les praticiens parisiens ont été sollicités par courrier et se sont vu proposer de pratiquer leur art dans le bus, à leurs tarifs habituels. Des dentistes référents, volontaires eux aussi, auront pour mission de débrouiller les situations administratives ou financières des patients pour faciliter la prise en charge des soins et éviter les mauvaises surprises financières. A compter du 17 mars, ce bus s’installera aux portes d’une dizaine d’établissements pour personnes âgées dépendantes (Epad) afin d’effectuer des soins dentaires auprès des résidants. Mille six cents personnes sont concernées. Et il y a fort à faire. D’après l’enquête lancée en 2001 par l’institut de prophylaxie dentaire infantile de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Paris, l’état de santé bucco-dentaire de nos aînés est plus qu’alarmant. « Sur les 298 personnes examinées, 90 % avaient vraiment besoin d’une consultation, relevait hier l’épidémiologiste de la CPAM. Et trois personnes sur quatre n’ont pas une cavité buccale leur permettant de s’alimenter. Or c’est un cercle vicieux : moins on mange et plus on risque des infections. » Sans oublier la difficulté à communiquer, à ces âges particulièrement fragiles où naît le sentiment d’abandon.
Source : Le Parisien , vendredi 14 janvier 2005