Le blanchiment des dents 1/2 : étiologie, indications, contre-indications

De tous temps les hommes ont eu des astuces pour garder les dents blanches. L’historien antique Pline parle d’une variété d’huile qui conservait aux dents leur blancheur et guérissait les gencives malades. Chez de nombreuses nations amérindiennes, la gomme-résine des diverses espèces d’épicéa a été consommée comme gomme à mâcher. Les enfants en raffolaient, les femmes en mâchaient dans le but de garder leurs dents blanches. On conseille souvent de se frotter les dents avec du jus de citron une fois par jour. Plus que jamais, de nos jours avoir les dents blanches est devenu un standard de la beauté. Les infographistes retouchent systématiquement les photos des magazines à l’aide de leurs logiciels afin que les dents paraissent plus blanches donnant peut être une image inexacte au public. Dans la publicité les marques de dentifrices se vantent de brosser plus blancs les unes que les autres.
De ce fait, soumis à ces images répétées, la demande des patients est fréquente à ce sujet. De l’étiologie des colorations des dents aux différentes techniques, en passant pas les indications et contre indications, voyons en détails les traitements que nous propose la dentisterie moderne.

ETIOLOGIE
“Les décolorations peuvent être d’origine extrinsèque. Ce sont les plus communes et les plus faciles à traiter. Elles
peuvent être causées par le thé, le café, la nourriture, le tabac, etc. Les décolorations peuvent être d’origine intrinsèque. Ce sont des tâches qui sont perméabilisées dans la dent. Elles peuvent être causées par l’ingestion de médicaments, les matériaux de restauration, la nécrose pulpaire, les désordres hématologiques, etc. Les décolorations
peuvent résulter du vieillissement. L’ âge : Au cours des années, les bords libres des dents s’abrasent avec la fonction, perdant la transparence de leur jeunesse. Dans le même temps, et pour les mêmes raisons, des microfêlures apparaissent, se colorent éventuellement. Tabac, café, colas et sodas en tout genre y contribuent en partie. Avec le temps, les pulpes dentaires se rétractent physiologiquement; la proportion d’ivoire (plus jaune) sur l’émail (plus blanc) augmente, accentuée un peu plus par l’abrasion fonctionnelle des bords libres incisifs. Les indices de réflexion et de réfraction de la lumière ont changés, l’esthétique se trouve défavorablement modifiée…, le traitement trouve là une de ses meilleures indications. Pour ces dentures qui furent jadis plus blanches, transparentes et nacrées le blanchiment redonne, chassant le voile jaune des années, la teinte claire oubliée des temps adolescents.” (Université de Laval Formation continue)
La connaissance précise de l’étiologie permet d’évaluer les chance de réussite du traitement. Le blanchiment permet d’éliminer les taches qui se situent dans la couche supérieure de l’émail. Les dents ont généralement tendance à jaunir, particulièrement avec le vieillissement. Par contre, les taches grises provoquées par les tétracyclines (antibiotiques) sont très résistantes et souvent impossibles à enlever. Le résultat final n’est donc pas garanti. Bien entendu, le blanchiment ne changera pas non plus la couleur des composites et de la céramique des couronnes.

INDICATIONS
– La génétique : Pour ceux qui présentent , même depuis l’enfance, une teinte des tissus dentaires relativement saturée, comparable à la teinte d’une personne de 20 à 30 ans de plus.

-Les dyschromies dues aux TÉTRACYCLINES : Le traitement des affections laryngées par ces antibiotiques chez l’ enfant, au cours du développement des dents, entraîne des colorations pathologiques dont la sévérité (étendue, profondeur, intensité) sera variable en fonction de la durée, du dosage, de la fréquence et du moment de la phase de minéralisation au cours duquel l’antibiotique s’est incorporé aux tissus dentaires. On distingue quatre niveaux de sévérité dans ce type de discoloration. Les indications de traitement diminuent bien entendu pour cause d’inefficacité avec la gravité du préjudice.
Les dyschromies s’établissent essentiellement dans les teintes GRIS, JAUNE, MARRON, séparément ou en proportion variable des trois, en fonction du type de Tétracyclines administré (Oxy ou Métatétracyclines). Beaucoup plus rarement on peut rencontrer des colorations avec reflet verdâtre voire carrément vertes au collet de la dent. Les dents peuvent revêtir un aspect zébré en rayures alternées, reproduisant sur les tissus la périodicité de l’incorporation du médicament.
La dyschromie médicamenteuse se superpose dans de nombreux cas à une étiologie génétique défavorable, aggravant un peu plus le préjudice esthétique. Le nombre de patients concernés par ces dyschromies ne devrait pas être en augmentation, les médecins prescripteurs étant aujourd’hui largement informés. En fait c’est surtout à la fin des années 1950 et au début des années 1960 par l’utilisation assez large et fréquente des tétracyclines dans le traitement des angines récidivantes, que l’on a généré par inadvertance, faute de recul clinique, et peut être d’autres moyens de traitement, un nombre impressionnant de lésions de ce genre.

CONTRE INDICATIONS
-Hypersensibilité majeure au froid
Au cours du traitement, la diffusion des produits actifs s’accompagne d’une augmentation temporaire de la sensibilité de la dent aux stimulis thermiques. Par conséquent une hypersensibilité préalable constitue en soi une contre indication, à moins de la résoudre avant de débuter le traitement.
-Aux fumeurs, il leur est conseillé d’arrêter de fumer avant de se faire blanchir les dents. Car fumer annihile l’effet de blanchiment et de plus, certains chercheurs s’inquiètent des conséquences de la combinaison peroxyde d’hydrogène-nicotine sur les tissus.
-Mylolyses ,abrasions et érosions cervicales
Très souvent, la zone de raccord entre la couronne dentaire et la racine (le collet) est le siège d’une perte de substance, dépourvue d’émail. La diffusion du gel est alors beaucoup trop rapide et trop forte, occasionnant des sensibilités rendant incommodantes voire insupportable la poursuite du traitement. Il conviendra donc au préalable de combler ces défauts avec des ciments Verre-Ionomère par exemple, afin d’éviter ces inconvénients.
– Caries en cours d’évolution : Pour les mêmes raisons d’hyperperméabilité et de ses conséquences décrites ci- dessus, leur traitement s’impose, de toutes façons, blanchiment ou non.
– Multiplicité, Volume, Complexité, Etanchéité des obturations dentaires existantes
Assorties ou non à la teinte des dents avant le début du traitement, le gel ne blanchit que et seulement les tissus naturels car il reste neutre vis à vis des matériaux artificiels utilisés en dentisterie tels que : résines composites, ciments compomères, verre-ionomères, céramique etc…En ce sens, si une couronne céramique protège une dent, le gel ne sera efficace que sur les dents naturelles voisines. Se pose alors l’éventualité du renouvellement de cette prothèse, après stabilisation des résultats du traitement.
-Le même raisonnement s’applique pour les dents aux multiples réparations. Il faut prévoir avant de traiter que la dépose et le remplacement des obturations, est nécessaire à l’obtention d’un résultat convenable.
C’est d’ailleurs cette dernière manipulation, longue, fastidieuse, à la mesure du nombre et du volume des reprises à envisager qui nous fait déconseiller le traitement dans ces conditions.
– Allergie au peroxyde de carbamide ou d’hydrogène
-Femmes enceintes En vertu du principe de précaution, bien que le gel ne soit pas censé être déglutit, aucune étude n’a démontré son innocuité pas plus que sa toxicité pour le foetus dans le cadre d’une utilisation “normale” respectant le mode d’emploi.