Un geste de routine comme l’anesthésie locale capable d’arrêter le développement des dents de sagesse? Curieux résultat de ces chercheurs de l’École de médecine dentaire de l’Université Tufts (Massachusetts) que cette association statistique entre l’injection d’un anesthésique local dentaire chez des jeunes enfants et l’absence de dents de sagesse inférieures. Des conclusions publiées dans l’édition d’Avril du Journal of the American Dental Association qui suggèrent en fait qu’un geste mini-invasif pourrait permettre d’interrompre le développement des dents de sagesse, souvent sources de problèmes dentaires plus tard dans la vie.
Le Dr Anthony R. Silvestri, professeur au département de prothèse dentaire de la Tufts University School of Dental Medicine explique que les dents de sagesse sont particulièrement vulnérables aux lésions parce que leur développement – contrairement à toutes les autres dents – ne commence que bien après la naissance. Entre 2 et 6 ans, les bourgeons de la dent de sagesse commencent à se développer à l’arrière de la bouche, et émergent généralement en fin d’adolescence ou à l’âge adulte. Le bourgeon est vulnérable aux blessures pour une période prolongée, car minuscule, non protégé par l’os et seulement recouvert d’une fine couche de tissus mous. Au départ, le bourgeon n’est pas plus grand que le diamètre de l’aiguille dentaire qui, lors de l’anesthésie pénètre dans les tissus mous qui l’entourent.
9 personnes sur 10 ont au moins une dent de sagesse incluse : Tout le monde ne développera pas ses dents de sagesse, et pour de nombreuses personnes elles seront problématiques.
Les chercheurs ont identifié, à partir des dossiers patients, les patients traités à la clinique dentaire pédiatrique Tufts entre les âges de 2 et 6 ans puis ayant également passé une radiographie dentaire 3 ans ou plus après leur traitement initial. Ils ont ainsi analysé un total de 439 sites de développement des dents de sagesse dans la mâchoire inférieure, à partir de 220 dossiers de patients. Un groupe témoin (correspondant 376 sites), était constitué de patients qui n’avaient pas eu d’anesthésie au niveau de la mâchoire inférieure. Un second groupe (63 sites), comportait des patients ayant eu l’anesthésie puis la radiographie.
· Dans le groupe témoin, 1,9% des sites ne présentaient pas de preuves, à la radiographie, de bourgeons de dents de sagesse.
· Dans le groupe « anesthésié », 7,9% des sites ne présentaient pas de preuves, à la radiographie, de bourgeons, soit 4,35 fois plus de probabilité de ne pas avoir ces bourgeons de dents de sagesse.
Cette absence de dents de sagesse significativement plus élevée dans le groupe qui avait reçu une anesthésie dentaire n’est pas un hasard. Les auteurs suggèrent qu’un geste anodin, mini-invasif, tel qu’ici l’injection d’anesthésique, pourrait constituer une procédure pour empêcher la croissance des dents de sagesse.
Source: The Journal of the American Dental Association, 144(4), 389-395 April 1, 2013 Inferior Alveolar Nerve Block and Third-Molar Agenesis: A Retrospective Clinical Study
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