Au fil du discours du ministre de la Santé à l´ADF, vers l´enterrement de la spécialité en chirurgie buccale
Exercice de style s´il en est, dans la fonction politique, le discours ministériel, élaboré et rédigé par ses services qui sont la réalité du pouvoir administratif, lu machinalement, rarement relu, et écouté avec une attention pas toujours vigilante, est souvent instructif. Celui de Xavier Bertrand à l´ADF, qui annonce quelques mesures fort positives de prévention chez les petits et chez les aînés, nous raconte deux choses :
La première est assez stupéfiante dans la bouche d´un ministre de la Santé s´adressant à un Congrès de praticiens, je cite : « votre profession, qui, je me permets de le rappeler, est bien une profession médicale à part entière». Peut-on exprimer plus clairement les doutes qui subsistent dans les hautes sphères du ministère ? Rappellerait-on au charcutier qu´il est bien dans une profession de métiers de bouche ?
Pour bien enfoncer le clou, enchaînons sur l´affaire de la spécialité de chirurgie buccale : « Vous aviez le souhait de la création d´une spécialité en chirurgie buccale. J´y suis favorable, à condition de mener une concertation avec l´ensemble des spécialités médicales, chirurgicales, odontologiques, intervenant dans la sphère bucco-dentaire, et le ministère de l´Education nationale, de l´Enseignement supérieur et de la Recherche, notamment pour définir le périmètre, le contenu et les modes d´exercice de cette spécialité ». Voulezvous une traduction ? Compte tenu des oppositions des stomatologistes, du désaccord entre les formations syndicales, des ambitions de toutes sortes, de l´élaboration du « périmètre et du contenu » de la chose, la création de la spécialité n´est pas pour demain, sinon enterrée…