La plaque dentaire, un facteur de risque de la maladie cardio-vasculaire

mardi 08 février 2005 (Liberation – 06:00) –

Après le cholestérol, le diabète, la nicotine et certains facteurs génétiques, les cardiologues ont un nouvel ennemi : la plaque dentaire. Des chercheurs de la Columbia University (New York, Etats-Unis) viennent de montrer qu’un bon brossage de dents peut réduire le risque de maladies cardio-vasculaires et publient leurs résultats dans la dernière édition de la revue Circulation.

Germes.
«Pour la première fois, ils montrent que des germes de la flore buccale constituent un facteur de risque associé à une épaisseur plus importante de la paroi artérielle», explique Pierre-Marie Girard, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine (Paris). Les artères qui se bouchent pourraient donc aussi être le résultat d’un phénomène inflammatoire, et pas seulement mécanique comme le dépôt de produits toxiques qui rigidifient.

Les chercheurs américains ont prélevé et mesuré le taux de bactéries présentes dans la bouche de plus de 600 personnes sans antécédents cardiaques. Ils ont ensuite mesuré l’épaisseur de leurs artères et démontré que les patients avec le plus fort taux de certains microbes étaient également ceux avec les parois artérielles les plus épaisses. Parmi les germes retrouvés, Porphyromonas gingivalis et Treponema denticola. «Ce sont des germes environnementaux», continue Pierre-Marie Girard. Pas méchants, «à l’origine d’aucune maladie» mais de quelques infections de gencives. Et qui se nichent entre les dents et les gencives, avec une préférence pour les racines qui se déchaussent. Un mauvais brossage de dents et ils pullulent. C’est à ce moment-là qu’ils peuvent devenir dangereux.

«Au prochain brossage, ils peuvent passer dans la circulation sanguine», explique Girard. Le système immunitaire les reconnaît comme étrangers et déclenche une réaction inflammatoire localement, au niveau des artères. Elles gonflent et s’épaississent. Dans ce cas-là, «la plaque artérielle n’est pas inerte, traduit Pierre-Marie Girard, ce n’est pas un dépôt de graisse toxique, c’est l’objet d’un processus inflammatoire. Peut-il à lui seul être le facteur déclenchant d’un phénomène aigu », de type infarctus? Les chercheurs n’ont pas encore répondu à la question. Mais ils ont découvert un nouveau facteur de risque des maladies cardio-vasculaires et de l’athérosclérose, indépendant, «qui ne remet pas en cause les autres», insiste Girard.

Surveillance. Seulement, pour l’instant, les cardiologues surveillent le tabagisme, l’hypertension, le diabète ou le cholestérol de leurs patients, «mais en routine, personne ne prend en compte la dimension infectieuse» de l’athérosclérose. Si leurs résultats étaient confirmés, les chercheurs de Columbia considèrent que «les problèmes d’athérosclérose pourraient être réduits grâce à des contrôles des maladies gingivales et à des antibiotiques».

Des dents mal brossées et l’arrêt cardiaque guette
Par Julie LASTERADE

mardi 08 février 2005 (Liberation – 06:00)