L’étude, conduite par une équipe du Centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson, en collaboration avec l’Université de l’Illinois et le Centre des études sur la santé de Seattle, n’a pas mis en évidence la moindre association entre la consommation de marijuana et une augmentation du risque de cancer buccal, quelle que soit la durée, la quantité et la fréquence de la consommation.
“A la question de savoir si la consommation de marijuana expose à un plus grand risque de cancer buccal, notre étude est suffisamment solide pour que l’on puisse affirmer que ce n’est pas le cas”, commente Stephen M. Schwartz, co-auteur de l’étude.
Les fumeurs de joints qui porteraient en outre des variants génétiques de la glutathione S-transferase (GST), connus pour interférer avec le processus de détoxication de l’organisme, ne seraient pas davantage exposés à un risque accru de développer un cancer buccal, par rapport aux consommateurs de marijuana qui seraient dotés des versions normales de ces gènes.
“Notre étude ne met pas un terme à la question de savoir si certains facteurs génétiques sont susceptibles d’accroître le risque des fumeurs de joints de développer un cancer buccal, mais du moins, pour ce qui est de la GST, nous n’avons trouvé aucun élément prouvant que la consommation de marijuana expose à un risque plus élevé que prévu dans ces sous-groupes génétiques”, poursuit le chercheur.
Ces conclusions vont à l’encontre de celles issues d’une petite étude, publiée en 1999, selon laquelle les consommateurs de marijuana avaient au moins deux fois plus de risque de développer un carcinome à cellules squameuses de la tête et du cou, comparés aux non-consommateurs.
Mais, souligne le Dr Schwartz, cette étude souffrait de certains biais parmi lesquels sa taille limitée, et le fait que le groupe contrôle était composé de donneurs de sang, considérés comme une population plus attentive à sa santé et donc moins sujette à la consommation de marijuana.
Les auteurs des nouveaux travaux ont par ailleurs collecté beaucoup plus de données sur l’histoire de la consommation de marijuana des participants, environ un quart dans chaque groupe. Pour la majorité d’entre eux, la consommation était limitée à moins de un joint par semaine ; seulement 1 à 2% des participants avaient une consommation quotidienne, et seulement 6% des patients cancéreux et 4% des contrôles fumaient depuis plus de 15 ans.
Concernant la consommation massive et prolongée de marijuana, le lien avec le risque de cancer buccal reste cependant flou, estime le Dr Schwartz. “Même pour les consommateurs modérés de marijuana, notre étude est certainement assez solide lorsqu’elle ne montre aucune association, mais pour les profils de consommation élevée, nous ne pouvons pas être sûrs en raison du nombre encore trop faible de tels usagers”./ar
(Cancer Research, 1er juin 2004, vol. 64, p. 4.049-4.054)
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