I. LES FACTEUR EN JEU
De nombreux facteurs entrent en jeu dans l’ostéo-intégration.
1) Biocompatibilité des matériaux
De tous les matériaux expérimentés, seul le titane a été retenu.
2) Etat de surface de l’implant
La surface de l’implant doit être rugueuse, les micro-anfractuosités devant être relativement larges.
3) Facteurs perturbant l’ostéo-intégration
Le logement de l’implant est créé par l’intermédiaire de forets, sans élévation thermique (la vitesse de rotation pas trop élevée, systèmes de refroidissement particuliers).
4) Enfouissement de l’implant
En règle générale, l’implant sera recouvert par la gencive après son insertion et restera « enfoui » pendant cinq à six mois (pendant cette période, l’implant n’est donc soumis à aucune force intempestive).
Après ce délai, on découvrira le col de l’implant, on s’assurera de l’absence de mobilité de celui-ci et de l’absence d’anomalie radiographique avant d’entreprendre la prothèse.
II. LA SELECTION DES PATIENTS
• Facteurs locaux :
Actuellement, l’examen local est complété par un bilan radiographique comportant un cliché panoramique de routine et souvent un examen tomodensitométrique qui permettra d’apprécier le volume osseux au site implantaire, les structures anatomiques que l’implant doit éviter (dents voisines, fosses nasales, sinus maxillaire, canal mandibulaire).
• Facteurs généraux :
– le diabète : l’implantation est envisageable avec prudence chez le diabétique non insulino-dépendant ;
– les cardiopathies valvulaires sont une contre-indication ;
– chez les sujets soumis à un traitement anti-inflammatoire au long cours (corticoïdes, AINS), le risque infectieux, la menace d’ostéoporose constituent une contre-indication ;
– l’ostéoporose n’est pas une contre-indication.
• Facteurs prothétiques
Ces facteurs sont aussi importants que les précédents. Il est capital avant de choisir le mode d’implantation, de prévoir quel sera « le modèle prothétique » utilisé sur les implants.
Les différentes formes d’implants ont chacune leur indication.
Plusieurs variétés d’implants dentaires sont actuellement utilisées.
– Implants cylindriques
Ce sont les plus fréquents.
Ces implants ont un diamètre généralement compris entre 3 et 4 mm.
Leur longueur est variable (13 mm en moyenne).
Ils sont vissés, parfois impactés.
L’extrémité présente un pas de vis qui servira de prothèse à la prothèse dentaire.
– Implants lames
Leur forme est grossièrement rectangulaire avec des perforations.
– Implants juxta-osseux ou sous-périostés
Leur conception est totalement différente. Il s’agit d’une grille posée sur l’os dénudé. Périoste et gencive sont suturés sur l’implant qui sera ensuite fermement maintenu entre os et périoste.
Ils n’ont plus d’indication.
– Prothèse sur implants
Les prothèses réalisées ont une forme très voisine de celles qui sont placées sur les dents naturelles : couronnes métalliques ou céramo-métalliques, bridges. Souvent les implants serviront à stabiliser une prothèse mobile.
III. INDICATIONS SELON LA NATURE DE L’EDENTATION
• Implant unitaire
Il s’agit de remplacer une seule dent absente et dans la majorité des cas une incisive ou même une canine supérieure (agénésie ou perte dentaire post-traumatique).
• Implant intercalaire
La zone édentée est étendue. Un bridge conventionnel aurait une trop grande portée entre ses piliers extrêmes. Il suffit de placer un ou deux implants entre les piliers naturels pour que le bridge devienne réalisable.
• Implant distal
Un bridge fixe ne peut être réalisé en l’absence de plier postérieur. C’est l’implant qui constituera ce pilier postérieur.
• Edentation totale
Les prothèses dentaires totales mobiles sont souvent instables à la mandibule. Les implants dentaires pourront servir d’ancrage à cette prothèse, permettant une amélioration de la fonction masticatoire.
IV. INDICATIONS D’ORDRE ANATOMIQUE
• Symphyse mandibulaire
C’est le terrain de choix de l’implantologie : l’os est dense, épais. Il n’y a pas d’obstacles anatomiques dans cette région.
• Partie postérieure de la mandibule
L’obstacle est représenté par le canal mandibulaire et son contenu, le nerf alvéolaire inférieur. Il faudra donc apprécier la hauteur disponible entre la crête et le canal dentaire.
• Implantologie sous-sinusienne
Dans les régions postérieures du maxillaire, le sinus maxillaire représente souvent un obstacle anatomique à l’implantation dentaire. Il s’agit d’un problème fréquent qui peut imposer une reconstruction osseuse. Après rehaussement de la muqueuse sinusienne, un comblement partiel du sinus maxillaire peut être réalisé par un greffon osseux. Puis, neuf mois plus tard, mise en place d’implants après réévaluation radiographique du site receveur (désenfoui six mois plus tard).
V. CONCLUSION
Les progrès de l’implantologie au cours de ces dernières années sont incontestables. Il s’agit d’interventions conduites sous anesthésie locale qui ne sont pas à elles seules garantes du succès ; les réalisations prothétiques sont d’une importance égale.
Dr Guy PRINC
Service de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale, hôpital Cochin – fondation-hôpital Saint-Joseph, Paris
Article paru dans “le quotidien du médecin” 17 Octobre 2000
Références :
1) Branemark P., Zarb G., Albrektsson T. Prothèses ostéo-intégrées. Paris. Cd, 1988.
2) Bert M., Missika P. Les implants ostéo-intégrables. Paris. Cd, 1992.