Hygiène Bucco Dentaire et prévention des infections en gériatrie

Le 22/08/2005 APM – L’Observatoire du risque infectieux en gériatrie (Orig) a lancé une étude pour évaluer l’impact des soins d’hygiène bucco-dentaires sur la prévention des infections en gériatrie, a-t-on appris auprès de la coordonnatrice de l’Orig.

“Tout le monde dit que les soins d’hygiène bucco-dentaires ont un impact positif sur la prévention des infections chez les personnes âgées hospitalisées, mais personne ne l’a jamais démontré”, indique à APM Santé Monique Rothan-Tondeur, coordonnatrice de l’Orig, un réseau de recherche sur le risque infectieux en gériatrie officiellement créé en 2000.

Seule “une étude japonaise a montré une baisse de la mortalité générale et des pneumopathies”, mais sur “un tout petit effectif”, ajoute celle qui est également hygiéniste au centre hospitalier Charles-Foix à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP).

L’Orig a donc décidé de mettre en place une grosse étude de 18 mois sur le sujet, débutée en juin, qui porte le nom d’Idas et financée dans le cadre d’un Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) de 2003.

Après une enquête préliminaire, les premières inclusions de patients ont commencé début juin, l’objectif étant d’avoir une cohorte de 3.000 lits environ dans une trentaine de services hospitaliers de gériatrie -soins de suite et de réadaptation (SSR) et services de longue durée (SLD)-.

La cohorte va être divisée en deux groupes, le premier allant mettre en place un programme de soins d’hygiène bucco-dentaires et le second allant réaliser les soins de bouche usuels.

L’enquête préliminaire a montré que les soins de bouche usuels étaient “aléatoires” et variaient selon les centres, précise à APM Santé Carine Baudry, assistante de recherche clinique à l’Orig.

Ainsi, le brossage des dents se fait en moyenne une fois par jour au moment de la toilette pour les personnes dépendantes et en moyenne une fois par jour après le petit déjeuner ou le dîner pour les personnes autonomes, ajoute-t-elle.

La brosse à dents électrique est très peu utilisée. Quant au dentifrice, il est la plupart du temps fluoré. Certains hôpitaux qui ont des marchés n’ont pas le choix du produit, et dans les autres, ce sont les patients ou leur famille qui l’apportent et l’on trouve une large gamme allant du rafraîchissant à l’antitartre ou au spécial blancheur.

Le programme de soins d’hygiène bucco-dentaires, qui se fait par des formations sous forme de films, vidéo, CD-Rom, diaporamas…, établit comme référence un brossage des dents si possible 3 fois par jour, sinon 2 fois par jour, avec un appareil électrique et un dentifrice fluoré et antibactérien.

Le brossage doit durer au moins 3 minutes afin de nettoyer toutes les faces des dents, les parties prothétiques mais aussi les muqueuses et la langue, sachant que les prothèses amovibles sont retirées avant le soin et brossées à part.

Le soin est plus facile pour les patients dépendants car il est réalisé par le personnel soignant (infirmière et/ou aide-soignante). Pour les patients autonomes, le soignant doit montrer au moins une fois la technique optimale et vérifier les bonnes pratiques d’abord une fois par jour puis une fois par semaine lorsque le soin est bien acquis.

Les médecins vont surveiller dans les deux groupes le développement des pneumopathies et des candidoses oropharyngées et l’étude va évaluer l’impact des soins d’hygiène bucco-dentaires sur la prévention de ces infections./vdb