Hydroxyde de calcium et guérison périapicale

L’hydroxyde de calcium utilisé comme médication temporaire, intra-canalaire en endodontie, fait ici l’objet d’une
évaluation clinique et radiographique du traitement endodontique en deux séances (HESS J.C. et coll. – 1990) ; sur 22 dents permanentes matures présentant une lésion péri-apicale.
Dans l’étude *, la désinfection médiate qui a duré en moyenne 6 semaines a été suivie d’une obturation canalaire par compactage de gutta percha (11 dents monoradiculées), au monocône ajusté (11 dents pluriradiculées)
et de la restauration coronaire définitive.
Les préparations magistrales extemporanées utilisées dans notre étude sont peu coûteuses, sont simples et efficaces; le traitement endodontique que nous avons adopté (pré-traitement et traitement), abouti au silence clinique et à la guérison apicale radiographique dans 90,91 % des cas à 9 mois de contrôle post-thérapeutique et 66,67 % des obturations situées à la limite apicale de sécurité.

Le traitement des dents à pulpe nécrosée repose sur les principes thérapeutiques du traitement endodontique, ceux-ci sont :
– l’asepsie rigoureuse (pose du champ opératoire : digue ou rouleaux de coton avec aspiration chirurgicale) ;
– l’irrigation canalaire avec l’hypochlorite de sodium à
2,5 %, à raison de 10 ml par canal en désinfection
immédiate [WEINE, MACHTOU, LAURICHESSE].
La préparation canalaire (instrumentation) et l’irrigation canalaire réduisent de manière considérable le nombre de bactéries dans les canaux au cours de la séance de pré-traitement mais le pansement antibactérien reste nécessaire entre les séances.
La désinfection canalaire médiate et/ou prolongée est obtenue grâce à la pâte hydroxyde de calcium dont l’action antisetique (pH 11 à 13) a été démontrée à plusieurs reprises; en effet aucune survie des bactéries n’est possible à un pH de 11 dans le système endodontique.
Le mode d’action est que les ions OH- vont inverser le pH acide de l’inflammation apicale en migrant vers l’apex (desmodontite aiguë primaire, secondaire ou
chronique compliquée) et induire indirectement un
effet bactéricide.
L’hydroxyde de calcium étant résorbable, le renouvellement de la pâte doit se faire à intervalles réguliers. Il n’y a pas de règle préétablie, en général après la première mise en place, le renouvellement se fait à la deuxième, quatrième semaine et ensuite toutes les six semaines. L’utilisation de vibrations sonores (Sonic Air) ou ultrasonores facilite l’élimination complète de l’hydroxyde de calcium au moment du renouvellement ou de l’obturation canalaire définitive.
Le drainage canalaire et la médication temporaire intracanalaire d’hydroxyde de calcium ont permis non seulement une sédation rapide des douleurs (48 heures), mais aussi une réduction de la prescription antibiotique et anti-inflammatoire.
Les séances courtes : 20 minutes en moyenne, sont compatibles avec le mode d’exercice public compte tenu de l’affluence de patients, souvent reçus en
urgence (72,27% dents avec symptomatologie douloureuse) L’action anti-exsudative de l’hydroxyde de calcium autorise l’obturation d’un canal sec, dès que la dent est asymptomatique.
L’activité osté-inductrice par une stimulation des processus biologiques de réparation apicale s’explique par la nécrose superficielle de coagulation sans irritation en profondeur des tissus apicaux et la saturation de la couche nécrotique en ions Ca++. Le protocole opératoire que nous avons utilisé réduit le coût du traitement des dents infectées, eu égard à la
consultation tardive – seulement au moment des complications infectieuses, d’origine carieuse (68,18 % des cas) et au faible niveau socio-économique des
patients.
Le diamètre moyen de 4,48 mm dans le sens coronoapical et de 4,16 mm dans le sens mésiodistal, des lésions péri-apicales traitées, est plus important comparativement à notre étude précédente, où nous avions obtenu un taux de guérison de 85 % à 6 mois. Le taux de cicatrisation apicale de 90,91 % à 9 mois, comparable à celui des biopulpectornies (Ri cci) atteste de la fiabilité du protocole opératoire.
Les techniques d’obturation canalaire par compactage de gutta percha sont plus efficaces quant au respect des limites apicales (LAS – 90,91 %), leur densité et leur homogénéité. Le temps consacré à leur mise en oeuvre reste leur contrainte majeure ainsi que le coût des matériels accessoires. Les sous-obturations canalaires au niveau des dents pluriradiculées (LAS : 54,84%) peuvent trouver leur origine dans l’élimination incomplète de la pâte d’hydroxyde de calcium.
Le dépassement intentionnel d’hydroxyde de calcium qui provoque une inflammation initiale détruisant la membrane kystique est préconisé par certains auteurs [WEBER, BHASKAR, CALISKAN] dans le traitement non chirurgical des lésions kystiques de moyen diamètre. Toutefois la chirurgie endodontique reste l’indication de choix compte tenu des délais de cicatrisation apicale : 12 à 15 mois en moyenne avec un renouvellement toutes les 6 semaines de l’hydroxyde de calcium
et du taux important de déperdition des patients.
L’étude menée par CALISKAN et coll. (80,80% de succès sur 2 à 5 ans) devrait nous inciter à procéder à des contrôles à distance en motivant nos patients et en instituant le contrôle postthérapeutique endodontique dans notre stratégie thérapeutique.

Conclusion : Le traitement conservateur des pulpopathies de la catégorie IV de Baume et présentant une lésion périapicale s’appuie sur les propriétés thérapeutiques et la bio compatibilité de l’hydroxyde de calcium prouvées depuis longtemps.
L’intérêt de notre étude est de permettre une autoévaluation de nos protocoles thérapeutiques en effet, la mise en oeuvre d’un traitement endodontique dans le traitement des dents à pulpe nécrosée ne saurait être envisagé qu’avec un bénéfice thérapeutique réel dans nos conditions d’exercice.
Nos résultats comparables à ceux observés par d’autres auteurs nous encourage à poursuivre les efforts de formation initiale de futurs odontologistes à l’Institut d’Odonto-Stomatologie de Dakar pour la pratique d’une endodontie de qualité, gage de la pérennité de l’organe dentaire chez nos patients

* D’après l’étude “TRAITEMENT DES PULPOPATHIES DE LA
CATEGORIE IV DE BAUME A L’HYDROXYDE DE CALCIUM :
ETUDE CLINIQUE EXPERIMENTALE A DAKAR
GAYE F., MBAYE M., DIOP/THIAW F., NDIAYE D.”
http://www.alphaomegamarseille.com/new/wp-content/uploads/2008/09/hydoxyde-de-calcium.pdf