Grêve des Dentistes : une colère justifiée

Les dentistes ont mauvaise presse, même s’ils ne font plus pleurer les enfants. Leur statut de nantis aux honoraires abusifs est régulièrement dénoncé dans des reportages de désinformation télévisuels.

En tout état de cause, la colère et l’inquiétude des chirurgiens-dentistes, exprimées aujourd’hui aux côtés des autres professionnels libéraux, sont plus promptes à susciter l’ironie et le mépris qu’à alimenter un véritable débat constructif sur des évolutions et des aménagements peut être légitimes, mais à définir dans la concertation.

Cet a priori est regrettable car la pierre d’achoppement des revendications des chirurgiens-dentistes risque de passer à la trappe à force d’être ignorée. Or c’est bien de la qualité des soins dont il s’agit. Voilà ce que les dentistes entendent protéger envers et contre tout. Leur subsistance en dépend. Car la qualité des soins prodigués est l’unique atout dont ils disposent pour entrer en concurrence avec leurs confrères, le bouche-à-oreille aidant.

Malheureusement, la notion même de qualité des soins est absente du vocable de nos ministres, qui préfèrent renvoyer les acteurs de santé à leur conscience professionnelle. Peut-être parce que cette qualité a un coût. Elle exige des investissements substantiels en matériel onéreux et en personnel. Des investissements que seule la perspective d’une activité soutenue justifie.

Il convient de rappeler ici que la rémunération des actes dentaires par le système de santé français est la plus basse de tous les pays de l’Union Européenne. Les soins de base n’ayant pas été réévalués depuis des dizaines d’années malgré les évolutions techniques, les dentistes français acceptent depuis trop longtemps d’opérer dans un système qui les oblige à travailler jusqu’à 70% de perte — à l’exception de la facturation des prothèses, matériel et service inclus, qui leur autorise l’unique marge de manњuvre à leur disposition pour compenser le manque à gagner sur les soins et gagner leur vie.

Source : http://www.economiematin.fr/news-dentiste-reforme-inquietude-qualite-soins-greve