La prise en charge des caries dentaires consiste généralement à retirer intégralement la dentine molle déminéralisée avant de placer une obturation. Toutefois, les avantages liés au retrait complet d’une carie ont été remis en cause en raison d’inquiétudes concernant d’éventuels effets indésirables liés au retrait intégral de la dentine molle de la dent. Trois groupes d’études ont également examiné la doctrine consistant à retirer complètement une carie en la colmatant dans la dent à l’aide de trois techniques différentes.(Ceci est une mise à jour d’une revue Cochrane publiée pour la première fois en 2006.) L’objectif de l’étude était de comparer les effets d’un retrait par étapes, partiel ou d’aucune carie dentinale par rapport au retrait complet d’une carie dans la prise en charge d’une carie dentinale sur des dents de lait et définitives n’ayant subi aucune restauration antérieure.
Trois interventions de prise en charge opératoire alternative de caries ont été évaluées en les comparant à un traitement standard consistant à retirer l’intégralité d’une carie en une seule fois (retrait complet d’une carie). Ces interventions étaient les suivantes :
– Excavation par étapes – Cette technique permet de retirer progressivement une carie en deux visites à quelques mois d’intervalle, permettant ainsi à la pulpe dentaire de se régénérer et de laisser la dentine se reposer.
– Retrait partiel d’une carie – Le dentiste retire une partie de la carie dentaire et colmate de façon permanente ce qui reste dans la dent.
– Retrait d’aucune carie dentinaire – Aucune carie dentinaire n’est retirée avant son colmatage ou sa restauration.
Nous avons constaté que lorsque la technique de retrait complet d’une carie était comparée à une excavation par étapes, la pulpe ou le nerf de la dent était exposé(e) dans 347 dents sur 1 000 dont les caries ont été entièrement retirées, alors que si la technique d’excavation par étapes avait été utilisée, ce résultat se serait produit sur seulement 154 dents sur 1 000.
Lors de l’utilisation de la technique de retrait partiel d’une carie, nous avons constaté que la pulpe ou le nerf était exposé(e) dans 50 dents sur 1 000 ayant été traitées. Toutefois, si la technique de retrait complet d’une carie était utilisée, ce chiffre aurait été de 219 dents sur 1 000 traitées.
Il y avait moins de lésions nerveuses lorsque une partie, ou l’ensemble d’une carie, était laissée sur des dents de lait et d’adulte. Il n’y avait aucune différence concernant le nombre de douleurs dentaires avec l’une des techniques utilisées. L’une des techniques consistant à ne retirer aucune carie dentinale nécessitait moins d’obturations de remplacement, bien qu’il n’y ait aucune différence lorsque l’une des autres techniques était comparée au retrait complet d’une carie.
Le retrait par étapes d’une carie diminuait de 56 % l’incidence d’une exposition de la pulpe (risque relatif (RR) 0,44, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,33 à 0,60, P < 0,00001, I2 = 0 %) par rapport au retrait complet d'une carie et se basait sur des preuves de qualité moyenne et l'absence d'hétérogénéité. Dans ces quatre essais, l'incidence moyenne d'une exposition de la pulpe était de 34,7 % dans le groupe de retrait complet d'une carie et de 15,4 % dans les groupes de retrait par étapes. Il y avait également des preuves de qualité moyenne montrant une absence de différence concernant les résultats liés aux signes et symptômes d'une maladie de la pulpe (RR 0,78, IC à 95 % 0,39 à 1,58, P = 0,50, I2 = 0 %).
Le retrait partiel d'une carie diminuait l'incidence d'une exposition de la pulpe de 77 % par rapport au retrait complet d'une carie (RR 0,23, IC à 95 % 0,08 à 0,69, P = 0,009, I2 = 0 %) et se basait également sur des preuves de qualité moyenne et une absence de preuves d'hétérogénéité. Dans ces deux études, l'incidence moyenne d'une exposition de la pulpe était de 21,9% dans les groupes de retrait complet d'une carie et de 5% dans les groupes de retrait par étapes d'une carie. Il y avait des preuves insuffisantes pour déterminer s'il existait une différence ou pas au niveau des signes et symptômes d'une maladie de la pulpe (RR 0,27, IC à 95 % 0,05 à 1,60, P = 0,15, I2 = 0 %, preuves de qualité médiocre) ou un échec de la restauration (une étude ne montrant aucune différence et une autre étude ne montrant aucun échec dans les groupes, preuves de qualité très médiocre).Le retrait par étapes d'une carie diminuait de 56 % l'incidence d'une exposition de la pulpe (risque relatif (RR) 0,44, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,33 à 0,60, P < 0,00001, I2 = 0 %) par rapport au retrait complet d'une carie et se basait sur des preuves de qualité moyenne et l'absence d'hétérogénéité. Dans ces quatre essais, l'incidence moyenne d'une exposition de la pulpe était de 34,7 % dans le groupe de retrait complet d'une carie et de 15,4 % dans les groupes de retrait par étapes. Il y avait également des preuves de qualité moyenne montrant une absence de différence concernant les résultats liés aux signes et symptômes d'une maladie de la pulpe (RR 0,78, IC à 95 % 0,39 à 1,58, P = 0,50, I2 = 0 %).
Le retrait partiel d'une carie diminuait l'incidence d'une exposition de la pulpe de 77 % par rapport au retrait complet d'une carie (RR 0,23, IC à 95 % 0,08 à 0,69, P = 0,009, I2 = 0 %) et se basait également sur des preuves de qualité moyenne et une absence de preuves d'hétérogénéité. Dans ces deux études, l'incidence moyenne d'une exposition de la pulpe était de 21,9% dans les groupes de retrait complet d'une carie et de 5% dans les groupes de retrait par étapes d'une carie. Il y avait des preuves insuffisantes pour déterminer s'il existait une différence ou pas au niveau des signes et symptômes d'une maladie de la pulpe (RR 0,27, IC à 95 % 0,05 à 1,60, P = 0,15, I2 = 0 %, preuves de qualité médiocre) ou un échec de la restauration (une étude ne montrant aucune différence et une autre étude ne montrant aucun échec dans les groupes, preuves de qualité très médiocre).
D'autres études seront nécessaires pour répondre à d'autres questions. Ces études devront être réalisées par des dentistes non spécialisés afin de vérifier si les résultats seraient similaires. Elles devront suivre les patients pendant une durée plus longue et vérifier s'il existe des différences au niveau des douleurs dentaires, de l'apparition d'autres caries et des obturations de remplacement. Elles devront également déterminer les techniques que les patients préfèrent et s'il existe une différence à long terme en termes de coûts.
Ricketts D, Lamont T, Innes NPT, Kidd E, Clarkson JE.
Operative caries management in adults and children.
Cochrane Database of Systematic Reviews 2013, Issue 3. Art. No.: CD003808. DOI: 10.1002/14651858.CD003808.pub3
http://www.cochrane.fr/index.php?option=com_k2&view=item&id=4175:prise-en-charge-operatoire-des-caries-chez-ladulte-et-lenfant