Matsumoto et al. ont préparé des cavités de classe V avec un laser Er:YAG (250 mJ/pulse, 8 Hz, spray d’eau) sur un total de 40 patients, réalisant 60 cavités, sans anesthésie locale. [1] Ils n’ont observé aucune réaction défavorable au cours de la préparation et une absence de douleur dans 80 % des cas. Les suites cliniques sur une période de 30 jours après la préparation et l’obturation en résine composite n’ont révélé aucun problème particulier. Le temps de travail nécessaire pour réaliser la cavité au laser était compris entre 10 secondes et 3 minutes, en fonction de la taille de la cavité. Les auteurs concluaient que le système pouvait être considéré comme approprié pour une utilisation clinique. Keller et Hibst ont réalisé des préparations au laser Er:YAG sur 33 patients et 67 dents (de 250 à 350 mJ/pulse pour la préparation de l’émail, de 150 à 250 mJ/pulse pour la préparation de la dentine, fréquence de 2 Hz, spray d’eau), sans anesthésie locale. [2] Ils ont mesuré un temps moyen de 3,25 minutes pour les cavités profondes et de 1,60 minute pour les cavités superficielles. Aucune douleur n’a été décrite au cours de la préparation dans 36 % des cas, une réaction légèrement douloureuse dans 57 % et moyennement douloureuse dans 6 % des cas. Un suivi clinique et radiographique postopératoire de 6 mois n’a révélé aucune pathologie induite. Suite à ces observations, une étude clinique prospective a été réalisée, impliquant cinq services hospitaliers dentaires en Allemagne. [3] Afin d’évaluer la perception des patients, une comparaison a été faite entre préparation mécanique conventionnelle et préparation au laser Er:YAG (de 250 à 400 mJ/pulse et de 2 à 4 Hz pour la préparation de l’émail, de 150 à 300 mJ/pulse et de 1 à 3 Hz pour la préparation de la dentine, spray d’eau). L’étude a concerné 103 patients et 206 préparations. Ils étaient 80 % à trouver que la préparation conventionnelle était moins confortable que la préparation au laser, sans bruit ni vibrations, et 82 % d’entre eux indiquaient préférer le laser Er:YAG pour le traitement des caries. Dostalova et al. ont suivi sur 24 mois des obturations réalisées après préparation de cavités au laser Er:YAG (400 mJ/pulse et de 2 à 4 Hz pour l’émail, 200 mJ/pulse et de 1 à 2 Hz pour la dentine, spray d’eau). [4] Ils ont observé des résultats tout à fait comparables à ceux obtenus pour des systèmes classiques de préparation à la fraise, aussi bien pour des restaurations en résine composite que pour des restaurations en ciment verre-ionomère.
Quels sont les points essentiels qui ressortent de notre expérience clinique ? Nous utilisons le laser Er:YAG pour le traitement de tout type d’atteinte carieuse. Les principales difficultés rencontrées concernent tout d’abord le fait de travailler non plus par pression sur un instrument, mais par impacts.
Cela nécessite de bien visualiser où les impacts sont déposés, ce qui n’est pas forcément évident en fonction de la situation de l’atteinte carieuse. Cet inconvénient relatif tend à s’atténuer avec le temps, c’est-à-dire l’expérience, ainsi qu’avec l’utilisation des embouts en quartz ou en saphir en mode contact ou quasi-contact. Autre point, la moindre efficacité du rayonnement laser sur le tissu amélaire sain moins riche en eau augmente significativement le temps de travail lors d’atteintes carieuses de petit volume se produisant sur des faces proximales, de par la nécessité d’éliminer une certaine épaisseur d’émail sain. Une première approche par fraisage de l’émail avant curetage au laser Er:YAG peut être employée dans ce cas. De nouvelles machines plus puissantes permettront sûrement de surmonter cet obstacle. La surface créée est parfaitement propre, sans débris ni boue, que ce soit dans l’émail ou dans la dentine. Les systèmes adhésifs monocomposants donnent alors des résultats très satisfaisants en termes d’adhésion et d’étanchéité. D’un point de vue clinique, il convient aussi de remarquer que l’usage d’un laser Er:YAG dans le traitement de la maladie carieuse peut être conduit sans anesthésie, dans le plus grand nombre de cas. De plus, l’absence de vibrations est également un avantage très positivement ressenti par le patient. Cette possibilité de travailler sans anesthésie et sans générer de vibrations peut représenter un apport considérable dans le traitement de certains patients. Enfin, le fait que le laser Er:YAG soit efficace à la fois sur tissus durs et tissus mous permet, par exemple, avec une unique instrumentation, de nettoyer une lésion carieuse cervicale tout en dégageant une limite cervicale sous-gingivale.
REFERENCES
1.Matsumoto K., Nakamura Y., Mazeki K., Kimura Y.Clinical dental application of Er:YAG laser for class V cavity preparation. J. Clin. Laser Med. Surg.. 1996; 14:123-127
2.Keller U., Hibst R.Effects of Er:YAG laser in caries treatment: a clinical pilot study. Lasers Surg. Med.. 1997; 20:32-38
3.Keller U., Hibst R., Geurtsen W., Schilke R., Heidemann D., Klaiber B., et al. Erbium:YAG laser application in caries therapy. Evaluation of patient perception and acceptance. J. Dent.. 1998; 26:649-656
4.Dostalova T., Jelinkova H., Kucerova
SOURCE : “Laser Er:YAG et odontologie restauratrice”
M.-F. Bertrand : Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier, J.-P. Rocca a, b : Professeur des Universités, praticien hospitalier
a Département d’odontologie conservatrice et endodontie, laboratoire surfaces-interfaces en odontologie, UFR odontologie, université de Nice-Sophia Antipolis, 24, avenue des Diables bleus, 06357 Nice cedex 4, France
b Centre hospitalier universitaire de Nice, 5, rue Pierre Dévoluy, 06006 Nice, France
*Auteur correspondant.
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