Durée de vie des prothèses fixées

De nombreuses études sur la durée de vie des PF ont été publiées. En évaluant les résultats, il est important d’analyser la façon dont les patients ont été sélectionnés et traités. Un patient sélectionné, traité par, ou supervisé par un spécialiste ne peut être comparé à un patient non sélectionné, traité par un généraliste. Le second sera représentatif des résultats obtenus dans un cabinet de généraliste. D’un autre côté, les résultats obtenus dans un cabinet de spécialiste démontrent ce qui peut être réalisé dans des conditions optimales, conditions très souvent idéales. Il est évident que l’on a besoin de l’expé­rience de ces deux types de patients et de traitements pour le développement de la discipline de Prothèse. Dans les études sur la durée de vie des PF, les paramètres cli­niques utilisés, ainsi que les critères pour le succès ou les échecs, sont différents ; ces éléments compliquent les comparaisons entre différentes études. Un facteur important est de savoir si la PF comporte ou non un cantilever (dent en extension).

Dans une étude sur 270 patients (1) la durée de vie
moyenne a été de :
– 10,4 ans pour un bridge de canine à canine,
– 9,6 ans pour une prothèse fixée de 3 à 4
éléments,
– 6,6 ans pour une prothèse fixée de plus de 5
éléments.
– 3,7 ans pour une prothèse fixée avec 1 élément
en extension.
Une PF avec un cantilever est une PF qui est fixée (ancrée) à une seule extrémité, sur un ou plusieurs piliers (Glossary of Prosthodontic Jewms. 1994).
Schwartz et coll. (1970) ont rapporté une durée de vie moyenne pour des PF de 10,3 ans. Plus de 20 % des prothèses ont été perdues pendant les 3 premières années. Apparemment, il n’y avait pas de différence entre les bridges avec ou sans cantilever. Glantz et coll.(1984, 1993) ont rapporté que parmi les patients traités par des généralistes avec des PF de longue étendue,
1,5 % des bridges ont été perdus au bout de 5 ans et 2,5 % au bout de 15 ans. La moitié des échecs était due aux fractures, au manque de rétention et/ou aux caries.
Parmi les patients en bonne santé, l’âge n’a pas semblé nfluencer les résultats.
Randow et coll. (1986) ont analysé un échantillon­nage important de 314 PF chez 214 patients, sur lesquels des traitements prothétiques fixés de longue étendue avaient été réalisés par des généralistes. Les auteurs por­taient une attention toute particulière aux complications techniques, telles que le manque de rétention, les frac­tures des bridges et des dents piliers Les patients ont été divisés en trois groupes : 0 = pas de cantilever; 1 = un cantilever; 2 = deux cantilevers. Au bout de 7 ans, les échecs techniques étaient de 8 % dans le groupe 0, 16 % dans le groupe 1, et 34 % dans le groupe 2. Chez les patients ayant un double cantilever, aux deux extrémités de la PF, les échecs techniques atteignaient 44 %. Les complications techniques rapportées ont nécessité le remplacement par de nouvelles prothèses.L’étude montre clairement que les risques augmen­tent, avec des complications techniques insurmontables, lorsque l’on augmente le nombre des cantilevers. Wallon et coll. (1986) ont rapporté une durée de vie moyenne de 3,7 ans pour les bridges avec cantilever, et de 10,4 ans pour des bridges de 6 éléments, allant de la canine à la canine. Leempoel (1987) a trouvé que parmi les bridges réalisés par des généralistes, 8 % des PF ont été remplacées au bout de 10 ans et !2 % au bout de Î2 ans. Dans une autre étude sur des patients traités par des généralistes, 17 % des PF ont été remplacées au bout de 14 ans (Karlsson, 1989), dont 33 % des bridges avec cantilevers et 12 % des bridges sans cantilever. La prin­cipale cause d’échec était le manque de rétention. Parmi les patients en bonne santé, l’âge n’a pas semblé être un cofacteur des complications. Les résultats de cette étude confirment ceux de Glant/, et coll. (1984, 1993) et ceux de Randow et coll. (1986).

:: REMARQUES CONCERNANT LES PROTHÈSES FIXÉES AVEC CANTILEVER
(DENT EN EXTENSION)

Si on leur donne le choix, la plupart des patients ayant une arcade dentaire avec des dents postérieures absentes nécessitant d’ère remplacées préféreront une PF à une PAP; la PF sera donc réalisée avec une (des) dent(s) en extension. Quelques résultats concernant des études faites sur des PF avec dent en extension ont été présentés ci-dessus (Glantz et coll., 1984, 1993); Randow et coll., 1986; Karlsson, 1989). Le traitement avait été réalisé par des généralistes sur des patients non sélectionnés, et dans ces conditions, les résultats lais­sent apparaître un succès très relatif pour les PF en extension.
De meilleurs résultats ont été rapportés avec des PF avec extension dans des études cliniques bien contrôlées (Nyman et Lindhe, 1979; Dahl et coll., 1987; Carlson et coll., 1989; Budtz-J0rgensen et Isidor, 1990; Ôwall et coll., 1991). Il faut ajouter que les patients, dans ces études, étaient traités par des spécialistes, ou traités sous la surveillance d’un spécialiste. De plus, les critères de choix des patients étaient certainement moins stricts pour les patients traités par des généralistes que pour ceux traités par des spécialistes. Ceci explique proba­blement la différence de résultats obtenue entre les patients traités par des généralistes et ceux traités par des spécialistes.
Les résultats obtenus avec les études bien contrôlées montrent la possibilité d’obtenir des résultats satisfai­sants à long terme avec des PF ayant des dents en exten­sion, et ce, dans des conditions optimales avec des patients soigneusement sélectionnés et traités par des spécialistes expérimentés. Cependant, il est important d’insister sur la nécessité d’interpréter avec prudence les résultats cliniques obtenus dans des conditions maxi­males et ceux obtenus dans des conditions différentes et avec des généralistes.
En ce qui concerne le pronostic des PF, il est impor­tant de tenir compte de la présence ou non de dents en extension. Pour les PF n’ayant pas de dents en exten­sion, la durée de vie moyenne est de 10-15 ans, et dépasse celle des PF avec des dents en extension. Des études publiées démontrent que les PF ayant des dents en extension doivent être utilisées avec beaucoup de prudence dans les cabinets de généralistes.

:: BRIDGES COLLES

Pendant ces dernières années, les bridges collés ont été présentés comme un traitement alternatif aux bridges conventionnels. Creugers et van’t Hof (1991) ont ana­lysé les résultats obtenus dans de nombreuses études cli­niques sur les bridges collés. D’un point de vue général, 26 % des bridges deviennent mobiles au bout de 4 ans. Dans une autre étude, Creugers et Kayser (1992) ont présenté une comparaison intéressante du coût entre bridges collés et bridges conventionnels réalisés dans le secteur antérieur. Les résultats, qui correspondent au coût du traitement aux Pays-Bas, étaient en faveur des bridges collés. D’autres comparaisons similaires sont nécessaires dans des conditions biologiques et écono­miques différentes.

Source et références “Prothèse dentaire principe et dstratégie thérapeutique” (Ed Masson)
(1)Pameijer JH. Periodontal and occlusal factors in
crown and bridge procedures. In dental center
postgraduate course, Amsterdam 1983.