Démographie et numerus clausus en Odontologie

Nous reproduisons ici un extrait de la Conférence inaugurale du Medec ou André ROBERT, Président du Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens Dentistes s’exprimait à propos des besoins liés à la démographie en matière de santé bucco dentaire.


Y étaient abordés les questions du numerus clausus et de la reconaissance automatique des diplômes de confrères de la communauté européenne dans l’optique de l’élargissement de l’Europe à 25 membres.

Des besoins constatés …

“Les problèmes posés par la démographie contribuent incontestablement au malaise des professions médicales. En ce qui concerne plus particulièrement des chirurgiens dentistes, des numerus clausus à géométrie variable ont suscité dans notre démographie des à-coups créant, pour nos confrères en exercice, des difficultés à trouver des collaborateurs ou des associés et, pour nos confrères en fin d’exercice, d’éventuels successeurs. Cette raréfaction contribue bien évidemment à une désertification de certaines régions réputées moins attrayantes dans le contexte sociologique actuel. Ceci explique la légitime inquiétude suscitée dans la profession par la publication du rapport du professeur Berland sur la démographie médicale et la contradiction qui en ressort entre l’analyse de l’existant et les recommandations préconisées. En effet, la mission constate que « le maintien de la densité actuelle des chirurgiens-dentistes exigerait un numerus clausus porté à 1 300 en 2007. »

La différence entre le flux entrant et les départs à la retraite ne cessera d’augmenter. En 2020, 1 410 chirurgiens-dentistes seront en âge de partir. La profession se féminise également. Elle est actuellement composée d’un tiers de femmes lesquelles représentent 50 % des étudiants dans les nouvelles promotions. Or, à l’instar de nos confrères, nos collègues femmes préfèrent souvent travailler à mi-temps ou avoir des modes d’exercice qui leur laisse davantage de temps pour leurs loisirs.

… mais non satisfaits

A notre grande surprise, la mission du professeur Berland conclut en disant ceci : « il apparaît souhaitable de prévoir sur les quatre prochaines années une augmentation modérée du numerus clausus des études odontologiques pour arriver à un chiffre de 1 000 en 2007, soit 50 places de plus à partir du concours de 2004 ». Ainsi, la mission ne retient pas le chiffre cité plus haut qu’elle avançait dans son état des lieux d’un numerus clausus porté à 1 300 afin de maintenir la densité actuelle des chirurgiens-dentistes.

Cette même mission propose, dans le cadre de l’une de ses autres priorités traitant de l’évolution des métiers de la santé, que les chirurgiens-dentistes puissent confier à des hygiénistes – dont le métier est à créer et la formation à organiser – la prise en charge de l’hygiène bucco-dentaire, le détartrage et l’adaptation des prothèses chez le sujet âgé.

Pour nourrir les inquiétudes de nos confrères, ce problème rejoint celui de l’autorisation d’exercice des praticiens étrangers et plus particulièrement de ceux relevant des directives sectorielles européennes bénéficiant d’une reconnaissance automatique de leur diplôme. Ce flux est actuellement limité et représente environ 850 praticiens soit environ 2 % de la population totale des chirurgiens dentistes. Cependant, la nature ayant horreur du vide, ne risque-t-on pas de voir dès lors, provenant de pays sans numerus clausus, une arrivée massive de confrères étrangers en particulier avec l’élargissement de l’Europe de 15 à 25 membres.

Pourrons-nous alors, dans ces conditions nouvelles, maintenir ces deux grands principes de notre exercice professionnel auxquels sont particulièrement attachés nos patients et auxquels l’Ordre se doit de veiller avec une particulière vigilance : d’une part, le libre choix garant d’une relation confiante et chaleureuse entre le praticien et le patient et, d’autre part, l’indépendance professionnelle de nos confrères garant de la qualité des soins prodigués.

Conférence inaugurale du Medec – 11 mars 2003
Ordres des chirurgiens-dentistes, des médecins, des pharmaciens et des sages-femmes
source
http://www.conseil-national.medecin.fr/