C’est une donnée scientifique récente qui commence à être bien connue des chirurgiens-dentistes mais pas encore des pouvoirs publics. En mai 2010, une revue systématique Cochrane confirme que les soins parodontaux permettent de réduire de 0,4 % le taux d’hémoglobine glyquée chez les patients diabétiques. C’est la première fois dans l’histoire de la médecine dentaire qu’une méta-analyse, avec un niveau de preuve aussi important, montre l’effet bénéfique de traitements buccaux sur une maladie chronique. À l’inverse, les conséquences des maladies chroniques, en particulier du diabète, sur l’état de la bouche avaient été mises en évidence depuis longtemps. Malgré cela, le chirurgien-dentiste est toujours mis hors-jeu du parcours de soins du patient diabétique.
C’est par conséquent l’un des tous premiers sujets dont s’est emparé le Collège de bonnes pratiques en médecine bucco-dentaire créé en février de l’année dernière. Présidé par le Pr Ahmed Feki de la faculté de chirurgie dentaire de l’université de Strasbourg, un groupe de travail a commencé à plancher sur une « recommandation sur la prise en charge du patient diabétique en médecine bucco-dentaire ». Ce travail est conduit avec la collaboration d’un chef de projet de la Haute Autorité de santé qui apporte un soutien méthodologique, permettant in fine que la recommandation bénéficie du label HAS. « Une première version de la lettre de cadrage, qui définit la marche à suivre, a été écrite par les membres du groupe de travail. Elle devrait être finalisée d’ici septembre, explique le Pr Feki. La rédaction devrait s’échelonner d’ici à la fin de l’année et on espère pouvoir publier la recommandation à la fin du premier semestre 2013 ». Pour le Collège, cette recommandation s’adressera à tous les chirurgiens-dentistes mais également aux stomatologues, aux diabétologues, aux médecins généralistes et aux infirmiers. Elle sera publiée dans des revues scientifiques et sur le site de l’ADF (Association dentaire française). D’ici là, la recommandation de portée générale de la HAS sur Les traitements médicamenteux du diabète de type 2, dont la première version avait été abrogée par le Conseil d’État pour des motifs de conflits d’intérêts, devrait être publiée.
Source : le CDF Juillet 2012