Cette thérapie intéresse donc tous les âges de la vie de la naissance à la vieillesse et toutes les disciplines dentaires ayant en commun la recherche de l’équilibre occlusal (Ondontologie conservatrice, Parodontie, O.D.F, Prothèse).
Selon Planas les thèses qui prévalent en médecine doivent aussi s’appliquer en R.N.O. Cela implique pour le praticien :
1-l’élimination de la formule classique en odontologie “Il n’y a qu’à attendre”. En médecine dès que le diagnostic est posé, on agit
2-la connaissance de la normalité. Il faut toutefois comparer l’état pathologique mais en tenant compte de l’âge. “Une occlusion normale chez une enfant de 3 ans peut être pathologique à 5 ans : le normal à 15 peut être pathologique à 25: le normal à 30 peut être un état perturbé à 60”. Planas veut nous faire comprendre les phénomène d’adaptation de l’appareil stomathognatique tout au long de la vie.
Il y a des paramètres qui restent dans la normalité bien que variant avec le temps.
Si l’on considère qu’un sujet jeune est physiologiquement équilibré :
-en occlusion centrique
-en équilibre latéral des côtés travaillant et non travaillant dans les mouvements de latéralité.
-avec un émail non abrasé
-avec des angles fonctionnels masticatoires importants mais égaux et normaux (cf chapitre III)
Un sujet plus âgé pourra être tout à fait autant équilibré avec des angles fonctionnels masticatoires presque nuls et des facettes d’abrasion importantes.
Il faut donc retenir non pas la notion de normalité mais celle de normalité en fonction de l’âge et l’inclure dans notre diagnostic. Ainsi on ne prendre pas un état physiologique pour un état pathologique.
Cela remet en cause bien évidement les “idéaux” de la morphologie dentaire (ne tenant pas compte des abrasions physiologiques au cours de la vie) et par conséquent les “dogmes” occlusodontologiques qui en découlent et que Planas appellent des “théories stéréotypées” :
-la protection canine
-l’occlusion de groupe
-l’occlusion cuspide fosse
-le long centric
-l’occlusion cuspide fosse.
-la désocclusion en balance etc…
mais revenons à l’enseignement de Planas.
Selon lui, pour se maintenir en état, l’appareil stomatognatique a besoin d’être “excité” fonctionnelle au cours du cycle de mastication. Cette excitation est fournie par :
1-les mouvements antéro-postérieurs des ATM dus à la contraction des muscles masticateurs (Ptérygoïdiens masséter et temporaux).
2-les frottements occlusaux de toutes les dents qui se transmettent aux parodontes.
C’est pour cette raison que Planas préconise que “toutes les dents inférieures frottent contre les supérieures dans les mouvements de latéralité mandibulaire aussi bien à droite qu’à gauche et cela aussi bien du coté travaillant que du côté balançant”. Ceci induit la formation physiologique de “facette d’occlusion” qui se transforme progressivement en “pans de glissement”. Le véritable équilibre occlusal est déterminé dans les mouvements de latéralité par les canines mais aussi par les trajectoires des condyles.
Ainsi Planas souligne-t-il l’importance de tenir compte des lois de Hanau dans toute reconstitution prothétique, lois physiques “intangibles et indiscutables”
Ces facteurs qui règlent les lois de l’équilibre et qui sont primordiaux à prendre en compte pour tout traitement en R.N.O. sont :
-la trajectoire condylienne
-l’inclinaison de la face linguale des incisives supérieure et non leur axe
-la hauteur cuspidienne
-l’inclinaison et la situation du plan occlusal
-la courbe de décollage du plan occlusal (cf chapitre 15 et 18)
En ce qui concerne le montage des dentures en prothèse complète,
1°) Planas prouve à ses étudiants qu’en changeant la programmation de la pente condylienne (de 15° à 40°) sur l’articulateur, tout le montage s’en trouve faussé.
2°) Planas s’érige contre le fait que des modèles d’étude soit disant “idéaux” et présenté comme des modèles de perfection esthétique ne soient pas véritablement fonctionnel. Après montage sur articulateur il remarque une situation pathologique de ces soit-disants modèles “idéaux” en occlusion dynamique.
-des occlusions latérales droites et gauches totalement déséquilibrées
-une perte des contacts en latéralité droite et gauche du côté balançant
-une situation pathologique du plan occlusal et de sa flèche (courbe de décollage) qui rend impossible tout ajustement occlusal même au prix de meulage sélectif importants
-un arc incisif inférieure beaucoup trop arrondi et c’est un fait à retenir ; selon Planas, une denture ne peut ne peut être montée en occlusion équilibrée selon Gysi si l’arc incisif inférieur est trop arrondi. “Pour obtenir une position d’équilibre” précise Planas “Il a été nécessaire de déplacer toutes les dents, de rendre plus carrée l’arcade inférieure et changer la situation du plan occlusal”.
Mais ce faisant, en observant le set up (avec le nouvel arc incisif) mis en occlusion sur articulateur avec le moulage d’étude, il s’aperçoit que le set-up) il s’aperçoit de contacts prématurés postérieure. De même lorsqu’il monte le set-up supérieur avec le modèle d’origine mandibulaire, il note des contacts prématurés antérieurs avec une infraclusion molaire… seuls les 2 set-up en occlusion sont parfaitement équilbrés.
Ce qui signifie donc que, malgré une perfection morphologique originelle, l’équilibration selon Gysi est impossible sans changer la position de toutes les dents. La prise en charge précoce est donc primordiale pour Planas…
Conclusion : dans notre diagnostic il faut rechercher la normalité non comme un idéal morphologique intangible mais comme ce qui est à la fois morphologiquement, fonctionnellement et temporellement normal. Sinon, l’on risque de prendre pour un cas donné ce qui est pathologique pour ce qui est physiologique ou inversement.
En R.N.O, la perfection morphologique ne saurait entraîner une reconstitution idéale d’un point de vue fonctionnel si l’on ne tient pas compte des lois de Hanau d’une part mais aussi de l’occlusion préconisée par Gysi qui tient compte d’une maximisation des frottement sur des plans de glissement, et de l’usure physiologique afin d’obtenir des contacts simultanés en travail et en balance.
La R.N.O a pour but de déceler le plus précocement possible le manque de stimulation neuro-fonctionnelle ou son excès et le pallier. Nous pouvons ainsi maintenir les stimulis dans la limite du physiologique. C’est là l’approche véritablement médicale du traitement de l’appareil stomathognathique.
Source : résumé du livre de Pedro Planas “la Réhabilitation Neuro Occlusale” (Chapitre 2)