Après avoir fait croître séparément des colonies de cellules épithéliales d’une part et de cellules mésenchymateuses d’autre part, Takashi Tsuji et ses collègues de l’université de Tokyo les ont injectées dans une goutte de collagène.
Prises dans cette gangue, les cellules se sont associées pour former un nouveau germe dentaire. Une fois transplanté chez une souris, après l’extraction d’une de ses dents, ce germe s’est développé normalement, selon un article publié en ligne par la revue scientifique Nature Methods.
La dent ainsi créée avait la même composition et structure (racine, émail, pulpe dentaire, vaisseau sanguin, nerf…) qu’une dent naturelle.
Cette étude “donne pour la première fois la preuve d’une reconstitution réussie de tout un organe via la transplantation de matériel résultant de techniques de bio-ingénierie”, soulignent les chercheurs
Ils ont comparé leur méthode de culture de la dent en laboratoire avant de l’insérer, ou non, dans la mâchoire d’une souris, avec une autre méthode permettant au germe dentaire de se développer d’abord pendant 14 jours au sein d’une glande surrénale (située sur le rein) d’une autre souris.
“Notre germe de dent reconstitué engendre une dent complète”, lors de cultures in vitro, “mais également in vivo dans une cavité dentaire”, que le germe ait été transplanté directement ou que la dent se soit d’abord “partiellement développée dans une glande surrénale”, concluent-ils, estimant que leurs travaux contribueront au “développement futur d’organes de remplacement”.
Des chercheurs américains de l’Institut Forsyth, à Boston, avaient réussi en 2002 à faire pousser des dents de porc dans des intestins de rats, et une équipe franco-britannique était parvenue à faire pousser des dents aux poules à partir de cellules souches dentaires de souris, selon des travaux publiés en 2003.
L’équipe japonaise serait la première à remplacer, chez une souris, des dents naturelles par des dents créées en laboratoire.