Dernières nouveautés en CFAO dentaire


La CFAO s’est encore considérablement développé ces derniers mois du moins au niveau de l’innovation industrielle et tente aujourd’hui de séduire les praticiens par des performances et une fiabilité accrues.

Plusieurs solutions “tout en un” existent désormais sur le marché et se livrent à une concurrence acharnée. Ces solutions complètes comprennent le scanner, les logiciels de CAO et FAO, la machine outil à commande numérique, plus les matériaux :

-Cercon de Dentsply Degudent (USA) pour la réalisation de chapes et de bridges (matériaux : cobalt-chrome, titane, zircone et alumine).
-Cerec de Sirona Dental Systems (Allemagne) pour la réalisation de chapes, de bridges, de couronnes, de inlays et onlays (matériaux propriétaires : zircone et alumine).
-Everest CAD/CAM de KaVo Dental (Allemagne) pour la réalisation de chapes, de bridges, de couronnes, de inlays et onlays (matériaux propriétaires : titane, zircone et alumine).
-Hint-Els DentaCAD Systems (Allemagne) pour la réalisation de chapes et de bridges, jusqu’à 14 éléments (matériaux : cobalt-chrome et zircone)
-Precident de DCS Dental (Suisse) pour la réalisation de chapes et de bridges (matériaux : calcinable, polyamide, cobalt-chrome, titane, zircone et alumine).
Ces solutions proposées fonctionnent toutes par usinage, mais un
deuxième procédé, plus récent, consiste à produire les chapes et les bridges par fabrication additive via le procédé de fusion laser de poudres métalliques.

La fabrication additive par fusion laser de poudres permet la fabrication directe de bridges complets en cobalt-chrome

Cette technique est appelée Fabrication Directe Métal (FDM). C’est exactement le même processus numérique que pour l’impression 3D d’un modèle pour fonderie (mise en forme couche par couche), sauf qu’au lieu de fabriquer un maître modèle en cire ou en résine calcinable, on fabrique directement la chape ou le bridge. C’est le procédé le plus rapide pour produire des éléments en cobalt-chrome – chez tous les sous-traitants équipés de cette technologie — et en titane – chez Bego, qui a même déclaré fabriquer des armatures en céramique via ce procédé à ARIA CAD/CADM.

Selon Michel Degrange, “Il y avait un peu moins de 20 procédés voici deux ans. Ce nombre a plus que doublé! Est-ce que ça correspond à une demande concrète des praticiens et prothésistes ? Pas sûr aujourd’hui. Certaines sociétés font visiblement une projection sur l’avenir en exploitant l’introduction massive de l’électronique et de l’informatique dans les dispositifs dentaires. On a pu d’ailleurs observer sur certains stands une forte association entre l’industrie des implants et les techniques CFAO. L’usinage numérisé s’améliore encore et plusieurs machines à cinq axes de fraisages, ou plus, assurent de grandes précisions d’adaptation. À côté de l’usinage mécanique, d’autres techniques de mise en forme commencent à prendre leur place dans le domaine de la CFAO. C’est le cas du frittage de poudres stratifiées couche par couche par laser que propose la firme EOS avec l’EOSINT M 270 pour la réalisation d’infrastructures en cobalt chrome. Cette technologie est actuellement limitée à la mise en forme des alliages métalliques. Mais d’autres permettront bientôt de réaliser des prothèses en céramique de haute ténacité du type zircone, car il est assez invraisemblable de perdre plus de 90% d’un bloc pour réaliser une armature par fraisage”.

La CFAO (cad-cam) ne concerne donc plus uniquement la prothèse mais aussi la chirurgie. Et là encore, le développement est énorme : près de 30 exposants présentaient des machines cad-cam ou des matériaux spécifiques pour usinage automatique des prothèses ou des guides chirurgicaux. Les majors sont bien implantées ou en cours de réorganisation : Sirona, Procéra, Cercon, Hint-Els, ou Wieland ; mais on voit, ici aussi, se profiler des regroupements stratégiques de grande ampleur DCS est passé sous la marque Bien Air avec un relooking qui rend les machines plus compatibles avec les petits laboratoires. Ekton passe dans le giron de straumann. Citons aussi 3MSPE et son Lav et Heraus qui annonce son scanner et son centre d’usinage.

Le Cerec est disponible pour une élaboration de plus en plus simple, au cabinet, pour des obturations indirectes et de prothèses unitaires. Les évolutions technologiques du Cerec lui permettent de produire en 4 minutes seulement un élément prothétique (Cerec 3D). Le nouveau logiciel CEREC 3D ajuste automatiquement la face occlusale des couronnes à celle des dents antagonistes. Ce programme très convivial permet d’accéder aisément à la technologie CFAO. Il fait gagner du temps et améliore sensiblement la rentabilité du cabinet dentaire.
Au-delà des inlays, onlays et facettes, le logiciel CEREC 3D offre au dentiste la possibilité de réaliser des couronnes tout-céramiques directement au poste de traitement et en un minimum de temps. Dès que le dentiste a pris l’empreinte optique de la préparation, le système élabore automatiquement la couronne prothétique. Cette nouvelle version logicielle s’inspire du processus naturel de la dentition. Le modèle de restauration proposé satisfait en tout point aux exigences cliniques.
La mise à niveau logicielle inLab 3D V3.01 comporte de nombreuses fonctions nouvelles destinées à faciliter l’utilisation du système et à accélérer les opérations. En y intégrant les connaissances odonto-stomatologiques acquises depuis la dernière version, les développeurs sont parvenus à minimiser le nombre des étapes. Ils ont aussi simplifié, voire réduit à l’essentiel la palette des outils virtuels servant à retoucher les surfaces, et révisé la barre des icônes du menu utilisateur afin de rendre la commande encore plus intuitive. L’interface utilisateur se présente sur un fond bleu très agréable.

Les concepteurs ont systématiquement poursuivi la démarche qu’ils avaient entreprise lors de la dernière mise à jour en vue de simplifier le dialogue. Ceci raccourcit considérablement la durée d’apprentissage et donne à l’utilisateur plus d’assurance dans la manipulation du programme. Cette nouvelle version apporte au laboratoire une autre nouveauté, et non des moindres, sachant combien il est important dans la conception d’un bridge de trouver l’axe d’insertion exact. La partie arrière étant clairement visualisée, cette délicate opération sera désormais facilement maîtrisée, même sur des préparations complexes.Autre nouveauté – totalement inédite : la conception biogénérique des faces occlusales des inlays et des onlays, un procédé mis au point par les professeurs Albert Mehl et Volker Blanz. Jusqu’à présent, le logiciel inLab 3D recourait à des modèles de dents stockés dans une base de données en s’appuyant sur quelques caractéristiques, et les ajustait ensuite individuellement au niveau de la limite de la préparation en respectant le tracé et l’inclinaison. Il dessinait la face occlusale à partir de ces données et le technicien dentaire peaufinait le modèle à l’écran de son ordinateur. Cette méthode a toujours fourni d’excellents résultats, certes, mais elle suppose une certaine expérience de l’ordinateur.

La version 3.01 du logiciel inLab 3D conçoit maintenant les faces occlusales de manière automatique, le programme étant capable de les calculer à partir de la substance dentaire résiduelle. Le logiciel ajuste aussi automatiquement la restauration virtuelle au niveau des dents voisines et de l’enregistrement occlusal. Le prothésiste suit la reconstitution à l’écran sans avoir besoin d’intervenir. Il ne lui reste plus qu’à usiner l’inlay ou l’onlay dans un appareil inLab ou dans le tout nouveau modèle inLab MC XL. La face occlusale ainsi obtenue ne peut être surpassée par celle issue d’un travail conventionnel.

Côté fiabilité il y a aussi des avancées. Le modèle CEREC MC XL qui s’inscrit dans le prolongement d’une lignée d’appareils performants s’appuie sur un principe garantissant un gain de temps substantiel : celui de l’usinage jumelé. Dans cette opération, le bloc de céramique est traité simultanément par deux fraises diamantées entraînées par des moteurs séparés. Les dentistes privilégiant confort et sûreté de fonctionnement peuvent opter pour un CEREC MC XL équipé d’une deuxième paire de moteurs. Lorsque l’une des fraises casse pendant l’usinage, faute d’avoir été changée à temps, l’opération se poursuit automatiquement sans aucune interruption.

Le System» Cercon permet maintenant d’élaborer au laboratoire des maquettes numérique» sans passer par les maquettes en cire.

A côté des systèmes de CFAO eux-mêmes il y a les entreprises qui produisent les matériaux à usiner. Metoxit semble la référence pour la zircone (qui a définitivement gagné contre l’alumine). Selon Yves Mahiat “La zircone permet la réalisation d’infrastructures blanches ou colorées, unitaires ou pour bridges jusqu’à 12 éléments en toute sécurité, ainsi que la réalisation de piliers d’implants. On peut aujourd’hui réunir fiabilité et esthétique dans la technique “Tout céramique”, simple ou complexe.”
Ivoclar Vivadent propose, en plus des céramiques à base de silicate de lithium, en particulier adaptées aux milliers de machines Cerec installées par Sirona. Il faut aussi mentionner les machines pantographiques qui permettent très simplement d’usiner de la zircone au laboratoire. En fait, la synergie entre l’implantologie et la CFAO est de plus en plus évidente puisque la robotisation des actes concerne de plus en plus l’étape chirurgicale et l’étape prothétique des thérapeutiques odontologique. Elle nécessite l’intégrationd e toutes les technologiques numériques en particuleir en terme d’imagerie.

Selon le Dr Thomas Fortin (Département de Chirurgie Buccale Faculté d’Odontologie de Lyon) “L’extrême précision des procédures assistées par ordinateur permet la mise en oeuvre de chirurgies sans lambeau particulièrement intéressantes dans le cadre de la simplification des gestes et la maîtrise des suites opératoires. Nous avons montré par de nombreuses études cliniques que ces Lambeau Minimalement Invasifs (LaMI) ou « flapless » pouvaient être systématisé dès lors qu’un remaniement osseux, greffe par exemple, n’était pas nécessaire. La combinaison de ces techniques d’imagerie avec les méthodes d’expansions osseuses décrites il y a plus de 20 ans permettent de profiter des zones d’os résiduel en respectant les grands principes de l’expansion ; maintenir le périoste sur l’os pour profiter de son rôle mécanique de membrane et pour maintenir la vascularisation. Dans le traitement des régions sous sinusienne radiologiquement atrophiées nous exploitons les cloisons et les parois sinusiennes, antérieure, palatine ou postérieure lorsqu’elles existent. Ces techniques présentent l’avantage d’être plus simple à mettre en ouvre et de raccourcir les durées de traitement si on les compare au soulevé de sinus. L’analyse de ces régions par des techniques radiologiques conventionnelles n’est pas suffisante pour mettre en évidence ces zones osseuses et nécessite l’utilisation de l’imagerie sectionnelle associée à des logiciels spécifiques.”
Selon Michel Degrange “Les apareils classiques de panoramique et de tomographie semblent totalement dépassés et bons pour les musées comparés aux dispositifs d’imagerie radiographique proposés actuellement, La plupart des très grands groupes de l’industrie dentaire en proposent. Le scanner sort ainsi des cabinets de radiologie spécialisés pour s’inviter au cabinet dentaire, avec des images de haute résolution, sans distorsion, et surtout une très faible exposition des patients aux rayons X (attention le coût de ces machines est encore très élevé et il faut disposer d’un local de dimensions suffisantes).”
L’implantologie a connu ces dernières années, un développement important, et tout laisse à penser que c’est loin d’être terminé. Avec la CFAO, il est désormais possible de fabriquer des barres sur implants qui tiennent compte de la position des implants, de leurs axes, de l’occlusion, et de l’esthétique.
Indéniablement la stratégie gagnante associera l’imagerie 3D, les implants et la CFAO à l’organisation du poste de travail. Sirona, Kavo, Planméca sont dans la course. Les plus grands acteurs du monde dentaire sont lancés dans cette épreuve gigantesque qui définira une nouvelle qualité fondée sur des pratiques différentes où un senior pilote une clinique dans laquelle des, interventions multiples se font sous la dépendance de robots programmés. Il ne s’agit pas de science-fiction mais de l’avenir tel qu’il se dessine, plus influencé par la cohérence des projets industriels que par telle ou telle innovation technologique. Les pièces du puzzle sont distribuées, il reste à les mettre en place…