+ de 50% de la population adulte française souffre d’une maladie parodontale

PARIS, 11 février 2004 (APM Santé) – Plus de la moitié (51,7%) de la population adulte française souffre d’une maladie parodontale, selon une étude épidémiologique présentée jeudi à Paris lors d’une conférence de presse organisée par l’UFSBD (Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire).

La maladie parodontale est liée à la présence de bactéries au niveau de la plaque dentaire, qui touche tout d’abord la gencive puis le tissu osseux en l’absence de traitement. En dehors des facteurs environnementaux (comme le stress et le tabac) et des facteurs génétiques, les affections cardiovasculaires et le diabète sont souvent incriminés.

Le diabète de type 2, non insulino-dépendant, touche en effet une population sédentaire souvent obèse, aux mauvaises habitudes alimentaires. Comme l’espérance de vie augmente, le nombre de personnes atteintes est en nette progression. Cette pathologie expose à de nombreuses complications, en particulier micro-vasculaires, pouvant toucher le parodonte.

Afin de mieux connaître la situation européenne dans ce domaine, une étude épidémiologique a été lancée par l’UFSBD, avec l’appui méthodologique du Centre technique d’appui et de formation des centres des examens de santé (Cetaf). Cette étude a porté sur 2.114 adultes âgés de 35 à 65 ans, ayant bénéficié d’un examen médical dans l’un des centres d’examens de santé (29 sur la centaine répartie sur l’ensemble du territoire national), entre septembre 2002 et juin 2003.

Les objectifs d’une telle initiative sont triples :

1/ mesurer l’impact de la santé parodontale dans la population adulte ;

2/ mieux cerner les relations entre la maladie parodontale et les maladies non transmissibles (cardiovasculaires, diabète…) ;

3/ justifier la promotion de la médecine parodontale et intégrer la santé dentaire dans la santé en général.

Selon les résultats, 51,7% des participants ont présenté une inflammation modérée étendue à 12,5% des sites parodontaux et 17,4% des saignements spontanés, sur un nombre de sites cependant très faible (1,7%). Les symptômes les plus sévères concernent les hommes de 60-64 ans (21,1%).

Par ailleurs, 87,2% des adultes présentent de la plaque dentaire sur 30,3% des sites parodontaux et 20% des quantités suffisantes pour être visibles à l’oeil nu lors de l’examen clinique, sur un nombre de sites limités (2%). Il existe également une corrélation entre la présence de bactéries et le symptôme gingival précurseur éventuel d’une lésion irréversible du parodonte.

TABAC ET DIABÈTE : DEUX FACTEURS PRÉDOMINANTS

Il existe 5 facteurs de risque associés à la maladie parodontale : l’âge, le sexe (les hommes étant plus touchés que les femmes), le diabète, le tabac et les maladies cardiovasculaires.

La consommation de tabac représente un facteur prioritaire de l’aggravation de la perte d’attache, même si les anciens fumeurs présentent un risque moins élevé, bien que restant significatif.

En outre, les personnes diabétiques souffrent d’une inflammation gingivale et d’une perte d’attache gingivale plus importantes et ce, à niveau d’hygiène buccale équivalent à celui de la population non diabétique. Le diabète potentialiserait également les lésions du parodonte.

UN RISQUE DE DÉCÈS CARDIOVASCULAIRE MULTIPLIÉ PAR 4

Dans cette étude épidémiologique, le risque cardiovasculaire a fait l’objet d’une analyse spécifique en collaboration avec l’hôpital européen George Pompidou. De fait, il a été mis en évidence que le risque de décès lié à une maladie cardiovasculaire augmentait au fur et à mesure de la gravité de la parodontite.

Les personnes les plus atteintes par cette affection (19,7% des cas) présentent ainsi un risque de décès par maladie cardiovasculaire à 10 ans multiplié par 4 par rapport à celles indemnes de toute affection du parodonte.

La physiopathologie de cette association (indépendante de l’âge) implique la présence d’une inflammation chronique liée à la parodontite, ainsi qu’une corrélation positive entre la numération des globules blancs et la présence de cette anomalie.

Il apparaît désormais primordial pour l’UFSBD de faire connaître ces résultats aux professionnels de santé et au grand public, d’élaborer des recommandations, de sensibiliser la population dans la mesure où près de 40% ne consultent pas de dentiste, de former les professionnels concernés et de réfléchir à une nomenclature relative à la prise en charge des soins parodontaux.