Concours de PCEM1

la réussite dès la première tentative relève bien de l’exploit

La revue internationale francophone canadienne « Pédagogie médicale » propose, dans son édition mensuelle à paraître samedi 15 février, une étude conduite à la faculté de médecine de Nancy sur les dix dernières promotions d’étudiants ayant passé le concours de PCEM1. Il se confirme que la réussite au concours dès la première tentative revèle de l’exploit, ou presque : ils sont seulement 8 % d’étudiants en moyenne dans ce cas. Le bac scientifique et le fait d’avoir obtenu une mention à cet examen sont des atouts indéniables.

L’histoire universitaire de neuf mille trois cent quatre-vingt-deux étudiants en médecine de Nancy a été passée au crible, par une enquête publiée par la revue canadienne « Pédagogie médicale » .

Cette étude, menée par le Dr Chantal Kohler, dissèque le profil des étudiants reçus en deuxième année de PCEM (premier cycle des études médicales) de 1992 à 2001. Les paramètres pris en compte dans l’analyse de ces carabins : la série du baccalauréat qu’ils ont obtenu, S (scientifique), L (littéraire), ES (économique et social, ou autre), et la spécialité de ce bac lorsqu’il est scientifique (mathémathiques [maths], physique-chimie [notée PC] ou sciences de la vie et de la terre [SVT]). Ont également été intégrés dans ces statistiques la mention que les bacheliers ont éventuellement obtenue (les mentions « bien » et « très bien » sont en effet prédictives de la réussite au concours), ainsi que la proportion de primants (ceux reçus dès la première inscription) par rapport aux doublants.
Résultats : les étudiants reçus au concours de PCEM1 ont tous passé un bac scientifique et le fait d’avoir obtenu une mention augmente considérablement les chances de réussir le concours dès le premier coup.

70 % de doublants

Le numerus clausus des étudiants reçus au concours de première année a été fixé à Nancy en 2001 à 156 places en médecine et 38 places en dentaire. En moyenne, sur les dix années étudiées, 15,5 % des étudiants inscrits en première année ont été reçus. Et environ un tiers de ces reçus étaient primants (31,5 %), soit 45 étudiants (ce qui correspond à 8 % de la population des primants). Sur les dix ans, la meilleure note a varié de 162,06 à 174,17 (soit une moyenne de 169,27 sur les dix ans) et celle obtenue par le dernier élève reçu en rang utile était de 127 à 136,67.
Pour l’année 1998-1999, le taux de réussite national en médecine était de 13,7 %, allant de 11 % pour les villes de Nice, Montpellier et Dijon jusqu’à 17 % à Limoges et 23 % pour l’Université catholique de Lille. Nancy se situait dans la moyenne en occupant la 9e place, avec un taux de réussite de 14 %. Les auteurs de l’étude précisent toutefois que ces chiffres ne reflètent en rien la qualité des enseignements de ces universités. Le numerus clausus diffère en effet d’une fac à une autre, et chaque faculté doit cependant accueillir tout bachelier de son académie désireux de s’inscrire en médecine. Ainsi, les facultés ayant le nombre d’inscrits le plus bas affichent le meilleur taux de réussite.

L’épreuve de sciences humaines peu valorisée

Au vu de cette enquête, les étudiants reçus en fin de première année de médecine sont donc exclusivement des étudiants qui ont suivi des études secondaires scientifiques. Et l’introduction, il y a quelques années, d’une épreuve de sciences humaines et sociales à fort coefficient (20 % de la note) n’a rien changé. En outre, le pourcentage d’étudiants reçus ayant obtenu une mention au bac est en constante diminution (de 29 % en 1994 à 12 % en 2001). Le nombre de primants reçus est, lui aussi, en décroissance. Les auteurs de l’enquête posent la question de l’efficacité d’un tutorat pour augmenter ce nombre.
Il y a quelques années, la faculté de Nancy avait instauré un entretien avec tous les étudiants primants ayant obtenu moins de 70 points sur 200 avant une éventuelle réinscription en PCEM1. Il s’agissait de leur faire prendre conscience de leur faible chance de réussite l’année suivante. Près de 80 % des étudiants admis à poursuivre leurs études de médecine ont dû en effet redoubler leur première année. La revue canadienne s’interroge sur cet « immense gâchis éducatif d’étudiants qui ne sont pourtant pas en situation d’échec ».

Article d’Audrey BUSSIERE dans “Le quotidien du Médecin”