Complémentaire santé : le dispositif de Touraine pour les Français modestes
Marisol Touraine présente le nouveau dispositif qui, dès le 1er juillet, permettra de choisir parmi une dizaine de mutuelles à tarif abordable.
Trop nombreuses, trop chères les complémentaires santé ? Sans aucun doute, estime la ministre de la Santé, notamment pour les personnes aux revenus modestes. Pour y remédier, Marisol Touraine dévoile dans nos colonnes un nouveau dispositif, ouvert aujourd’hui, destiné à faciliter la souscription d’une mutuelle santé pour les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé (ACS), dont la nouvelle version entre en vigueur le 1er juillet.
Quels changements apporte le nouveau dispositif ?
Dès le 1er juillet, il va permettre aux Français modestes de se soigner de manière plus simple et moins chère. Aujourd’hui, ceux ayant un revenu compris entre 720 € et 970 € peuvent déjà bénéficier d’une aide pour acheter une complémentaire santé. Mais il est très compliqué de se repérer parmi les centaines de mutuelles et d’assureurs existants. Du coup, seulement un tiers des personnes qui pourraient l’avoir demandent cette aide. On s’aperçoit aussi que de nombreux Français qui y ont droit ne la connaissent même pas. Ce qui ne veut pas dire que ces personnes n’ont pas de mutuelle, elles la paient juste bien plus cher. Je rappelle que l’aide financière de 550 € pour les personnes de plus 60 ans peut représenter la moitié du coût d’une complémentaire. C’est pour ces raisons que j’ai voulu réformer le dispositif.
Comment ?
Afin d’aider les bénéficiaires de l’ACS à mieux choisir leur contrat parmi les quelque 400 disponibles, nous en avons sélectionné une dizaine avec des baisses de prix allant jusqu’à 45 %, ce qui peut représenter 300 EUR d’économie pour une personne seule. Cette liste est consultable sur Internet. Grâce à un simulateur, chaque personne pourra opter pour la complémentaire la mieux adaptée à ses besoins. Ensuite, à partir du 1er juillet, nous étendons le tiers payant aux bénéficiaires de l’ACS et nous supprimons les franchises médicales à acquitter chez les généralistes (NDLR : 1 €), sur les boîtes de médicaments ou à l’hôpital. C’est un vrai gain de pouvoir d’achat.
Sur quels critères ont été retenues ces mutuelles ?
Les tarifs n’ont pas été les seuls critères retenus, car nous n’avons pas voulu créer un simple comparateur de prix. Nous avons tenu compte de la qualité des différents services proposés, comme l’accompagnement personnalisé téléphonique, la qualité des centres de santé ou encore d’optique. Avec des offres de base, des offres moyennes et plus haut de gamme et des niveaux de couverture différents. Car on n’a pas les mêmes besoins à 30 ans qu’à 60 ans.
Combien de personnes cette réforme va-t-elle concerner ?
Notre objectif, pour la fin 2015, est de toucher de 1,3 à 1,4 million de personnes. Avec l’augmentation du plafond des ressources donnant droit à l’ACS, leur nombre est passé de 1 million en 2013 à 1,2 million l’an dernier.
Comment vont-ils connaître leurs droits ?
Dès aujourd’hui, nous lançons une campagne de communication, par le biais d’Internet et avec un numéro de téléphone*. L’Assurance maladie va aussi informer par courrier ceux qui sont bénéficiaires potentiels de l’ACS pour faciliter leur recours à cette aide. Les personnes ayant un revenu supérieur à 720 € et jusqu’à 970 € doivent savoir qu’elles peuvent être aidées.
Quel est le coût du dispositif ?
Ça ne coûte pas un centime à l’Etat. La mise en concurrence a conduit les mutuelles et les assureurs à proposer des tarifs plus intéressants et à améliorer la qualité de leurs offres.
Certains syndicats de médecins menacent de ne pas appliquer le tiers payant généralisé pour les bénéficiaires de l’ACS, car le système de paiement ne serait pas sécurisé…
Je me suis engagée à ce que le système soit simple et sécurisé. Les bénéficiaires de l’aide, dès souscription d’un contrat sélectionné, n’auront plus à faire l’avance des frais lors de leurs consultations. Il y a quelques mois, les médecins me disaient d’ailleurs qu’ils étaient favorables au tiers payant généralisé pour les personnes modestes. J’ai donc toute confiance dans leur volonté à faciliter l’accès aux soins de ces patients.
Y aura-t-il d’autres initiatives pour améliorer l’accès aux soins ?
La prochaine étape sera début 2016 avec la mise en place du tiers payant pour les femmes enceintes et pour les personnes en ALD (affection de longue durée) prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale, soit 15 millions de personnes. Cela concernera des diabétiques, des personnes ayant un problème cardiovasculaire ou bien souffrant d’un cancer. Mais le tiers payant doit s’installer progressivement dans le paysage des Français et des professionnels de santé. Sa mise en place s’étalera jusqu’en 2017.