Dans les années 1980, la prévalence des sensibilités postopératoires variait de 8 à 50 % avec une prédominance pour les sensibilités au froid sur celles à la pression, mais les derniers résultats font état d’une moyenne de 11 à 14 %.
Voici quelques conseils pour limiter les sensibilités post opératoires.
-Eviter toute contamination bactérienne pour limiter l’inflammation donc travailler sous champ opératoire stérile et utiliser (Chlorure de Benzakonium (Tubulicid (r) ou chlorexidine (Eludril (r))
-Pour la préparation de la cavité :
.Respecter des structure saines. (limiter la surface de dentine exposée et donc l’inflammation)
.Travailler sous spray avec une irrigation importante
.vérifier la qualité des instruments
.utiliser les instruments sans angles vifs (forme poire)
.travailler sans pressions par petite touches
.éviter les vitesses de rotation moyennes (Colon et besnault 1997)
.réaliser une ligne de contour en dehors du point de contact pour ne pas abimer les limites de la restauration ce qui entrainerait à la longue une micro-infiltration. Les prismes d’émail ont une orientation perpendiculaire par rapport à la surface de la dent et à la jonction amélo-dentinaire. Il vaut mieux réaliser un protocole de collage sur des sections transversales d’émail, biseautées à cet effet. L’adhésif pourra réaliser un véritable ancrage micromécanique au niveau de ces prismes après attaque acide. Dans les secteurs postérieurs, un biseau court d’environ 0,5 mm est largement suffisant pour améliorer l’étanchéité de la restauration, mais il
De plus, il est préférable de biseauter les bords verticaux et cervicaux des cavités de classe II, ce qui réduit de manière significative les micro-infiltrations marginales, à condition de ne pas éliminer totalement cet émail cervical parfois très fin.
-Automordançants ou mordançage et rinçage ?
Dans le cas où on utilise un M&R, pour le mordançage, les recommandations actuelles sont d’utiliser l’acide phosphorique à des concentrations avoisinant 37 % pendant 15 secondes sur la dentine et 30 secondes sur l’émail. La durée d’application de l’acide est très importante car un temps trop court risque d’empêcher l’élimination complète de la boue dentinaire et la déminéralisation suffisante de la dentine pour créer une couche hybride étanche.
L’étape qui suit le mordançage si on utilise un M&R2 ou 3 peut être à l’origine de sensibilité post-opératoires.
Il faut alors appliquer un agent désensibilisant après le mordançage parmis ceux ci : Idodan(r) de Septodont, Bisblock (r)de Bisco, Gluma Desensitizer (r) de Heraus Kulzer, Seal and Protect(r) de Dentsply System Desensitizer (r) de Ivoclar Vivadent.
L’utilisation des SAM permet un bon contrôle de la balance hydrique et de s’affranchir du rinçage et donc du séchage qui est une étape délicate. De plus ils ne font qu’imprégner la boue dentinaire sans l’éliminer ce qui diminue la perméabilité dentinaire et donc les sensibilités post-op (Degrange 2005)
En revanche, la qualité de l’adhésion obtenue, notamment au niveau de l’émail, reste inférieure à celle des adhésifs traditionnels. Or, la formation d’un joint périphérique amélaire reste un point primordial en dentisterie adhésive. Rien n’empêche, en revanche, de mordancer à l’acide phosphorique les marges d’émail d’une préparation, et uniquement ces marges, avant d’appliquer un adhésif automordançant dans toute situation où l’on estime que la restauration sera particulièrement sollicitée (surface dentinaire importante dans les secteurs postérieurs)
-La mise en place d’un isolant dentinaire à base d’hydroxyde de calcium ou de verre ionomère sous les composites est encore un réflexe pour bon nombre de praticiens. En effet, ces produits ont pour but de protéger la pulpe contre les variations thermiques et contre le passage de matériaux toxiques.
Or, il semble que ces fonds protecteurs ne résolvent en aucun cas les problèmes de sensibilité et auraient même, d’après l’étude d’Unemori et al. en 2001, tendance à augmenter les risques de survenue de sensibilité.
-Un bon matriçage est indispensable pour améliorer la qualité de l’adaptation marginale des bords de la restauration et pour recréer un point de contact efficace évitant les risques de bourrage alimentaire et les complications qui en découlent.
-Diminuer la Contraction de polymérisation par différents moyens :
. utilisation de LED en mode polymérisation progressive (ou rapporcher progressivement l’embout)
. Obturer en stratification couche par couche 2mm maximum pour diminuer le facteur cavitaire (facteur C)
. Utiliser un CVI en liner ou en sustitut dentinaire pour diminuer la contraction de polymérisation
. Restaurer en méthode indirecte
-vérifier les rapports d’occlusion
-réfection ou nouvelle préparation ?
. Réétanchéifier le joint (mordançage du joint et obturation avec un composite flow résine adhésive Fortify®, Bisico)
. Refaire le joint en éliminant une couche fine de composite avec une fraise poire de petit
. diamètre 0,10 puis obturation normale au composite flow selon la procédure habituelle)
Parfois si il y a un déficit de la couche hybride, la sensibilité persiste. Il faudra alors refaire l’obturation, après une période de temporisation au CVI ou CVIMAR
Synthèse d’après l’article de Catherine Menez Mesgouez dans le journal de la SOP de Décembre 2006 et Revue Clinic Charles Toledano 1 9 2006