En raison des forces supplémentaires mises en jeu et de leur orientation, il en résulte fréquement des fractures
-Fracture de la fixture implantaire
-Facture de la vis prothétique
-Fracture des pilisers implantaires. (céramique…)
-Fracture d’éléments prothétique
mais aussi des défauts d’ostéo-intégration.
Selon Daniel Brocard “En présence de bruxisme et de parafonctions (forces horizontales de longue durée), le risque d’échec s’élève et les implants sont déconseillés par tous les auteurs ; s’il n’est pas possible d’éviter ces conditions, il est recommandé d’être encore plus attentif aux trajets des glissements et de protéger les constructions par gouttière occlusale de protection à port nocturne et en informant le patient des précautions à prendre (conseils comportementaux). Les constructions doivent être prévues pour résister à ces forces excessives. Il faut aussi prévoir comme impératif de conception un implant par dent, éviter les porte-à-faux et même, pour certains auteurs, s’abstenir de fixer les prothèses directement sur les implants.” (Daniel Brocard Occlusodontie Clinique)
Les implants ne sont donc pas contre-indiqués chez le bruxomane pour peu qu’on respecte un shéma occlusal protecteur (que nous ne développerons pas ici) et que l’on choisisse le système implantaire le plus approprié.
Tout d’abord, il faut compter sur une société solide financièrement qui “assure” en cas de casse, c’est un atout non négligeable. Elle doit disposer d’étude scientifiques argumentées sur des tests de résistance et de rupture en laboratoires et in-vivo.
Utiliser des matériaux résistants, améliorer la transmission des contraintes, tout en permettant une bonne ostéo-intégration seront les objectifs à atteindre.
Les implants les plus résistants sont en TICP (Titane de grade 4 qui est l’alliage en titane le plus riche en oxygène et le plus résistant
Ils seront vissés (à spires très rétentives)
le diamètre d’un implant a plus d’influence que sa longueur sur l’intensité des contraintes. L’interface implanto-osseuse est plus étendue et il a une plus grande résistance à la fracture. (Selon Himmlova et Coll, Tanimura et Leclerc 2001
En revanche un implant de long diamètre entraînera une meilleure stabilité primaire.
Davarpanah et coll (A999) conseillent un col lisse.
Orthlieb conseille un implant par dent. Des implants supplémentaires au niveau molaire permettent d’éviter les cantilevers (source d’échecs chez les bruxomanes) et d’obtenir une meilleur distribution des contraintes.
L’état de surface sera micro texturé (exepté l’extrémité auto-taraudante) diminuant les risques d’échec d’origine traumatique par rapport aux implants lisses (Le Gall et Lauret 2000) en augmentant l’interface implanto-osseuse.
En ce qui concerne l’infrastructure, il est préférable d’utiliser des vis en alliage de Titane qui ont de meilleures propriétés mécaniques que les vis en or.
Le système de connexion est au choix
-Soit un polygone externe (souplesse et résistance)
-Soit un polygone interne Facilité prothétique et connexion. Mais l’hexagonal interne genre hex screw vent est à déconseiller en raison du risque de fracture par tulipage : ouverture en corolle du col.
Le pilier sera alors en alliage Titane plus résistant que l’or transvissé.
-Soit un cône morse (qualité de liaison mécanique) utilisé avec un pilier vissé,
Des piliers usinés d’adaptation supérieures limiteront les dévissages.
Si l’espace inter-occlusal est insuffisant (fréquent chez les bruxomanes en raison de l’abrasion) on réalisera une prothèse vissée directement sur l’implant.
La question du choix d’une prothèse scellée ou vissées se pose également chez le bruxomane
Prothèse vissée.
-Avantage chez le bruxomane :
Facilité à détecter les signaux d’alarme. (rôle fusible de l avis (N Guyen 2001, Baudoin et Bennani (2003))
-Inconvénient chez le bruxomane :
Morphologie occlusale altérée
Résistance moindre au dévissage et à la fracture de la vis
risque de fracture de la céramique au niveau de l’orifice de sortie de la vis
Prothèse scellée
-Avantage chez le bruxomane :
L’anatomie occlusale n’est pas altérée par la présence de l’obturation sur la vis ce qui permet de recentrer les charges le long du grand axe de la dent et d’avoir des point de contact harmonieux et correctement répartis
Résistance au dévissage et à la fracture de vis
Adaptation passive facilité par le ciment de scellement.
-inconvénient chez le bruxomane :
Difficulté de démontage : prévoir des instruments de préhension. (Missika Bert Roux 2003)
Il existe aussi des systèmes de vis latérales transfixant la prothèse au niveau palatin ou lingual, l’émergence de la vis n’interférant plus avec l’occlusion. Les zones d’émergence en métal et non plus en céramique limite la fracture de cette dernière (Lachaise 2001) et ce système permet une dépose aussi prévisible que les prothèses vissées conventionnelles.
En résumé voici les caractéristiques de l’implant idéal pour le bruxomane afin d’éviter la perte de l’ostéointégration, les fracture de l’implant et le dévissage ou les fractures des composants prothétiques.
-Implant vissé (à filetage profond) long de grand diamètre à col large et lisse
-état de surface micro-texturé qui permet une bonne ostéointégration
-Avec un système antirationnel
-Pilier droit sans porte-à-faux
-Infrastructure passive
Au niveau de la reconstruction prothétique préférer l’emploi d’alliage précieux au niveau des surface occlusale (Miush 2002) ou de céramique à condition qu’elle soient protégées par le port d’une gouttière occlusale. Les nouvelles céramique à basse fusion (dureté proche de l’émail) semblent moins traumatogène pour la denture antagoniste (Chiche et Guez 2000)
Pour terminer citons cette étude interéssante et encourageante “Effects of pergolide on severe sleep bruxism in a patient experiencing oral implant failure”
C´est un patient sur lequel des implants ont échoué au motif présumé qu´il souffrirait de bruxisme nocturne sévère, confirmé par une analyse polysomnographique. Devant son désir de recommencer l´expérience implantaire, les auteurs ont tenté de minimiser ce bruxisme en intensité et en durée par l´administration de pergolide. Ce produit chimique est un modulateur des récepteurs de la dopamine ; les auteurs, en administrant cette molécule à petites doses, tablaient sur ce que la dopamine fut un des circuits neurochimiques qui module les cycles manducateurs du bruxisme. Le résultat a été extrêmement convaincant sur une série de six cycles de sommeil…
Source : d’après un article Alpha Omega 105 Novembre 2006 page 33 de Hervé Tarragano (Bruxisme et implant), Van der Zaag et coll. Effects of pergolide on severe sleep bruxism in a patient experiencing oral implant failure. Journal of Oral Rehabilitation 2007 ; 34 : 317-322.
Dr Alain Chanderot