La modification du génotype d’un individu est impossible. En effet, il peut y avoir différenciation phénotypique suivant le milieu ou la fonction. C’est ce qui se passe en R.N.O lorsque nous intervenons sur la fonction masticatrice du système stomatognathique par différents types d’excitations paratypiques.
Embryologiquement parlant :
– la mandibule est formée de deux partie symétrique relié par une symphyse. Les deux hémiarcades sont innervés par leur tronc nerveux respectifs (une voie afférente et efférentes de chaque côtés) et dont les propriocepteurs sont disséminé au sein du parodonte. L’acte masticateur quant à lui sera alternatif unilatéral avec du côté des dents qui mastiquent une excitation nerveuse.
– le maxillaire supérieur, lui est issue de trois origines embryologiques.
. les bourgeons maxillaires droits et gauches et le bourgeons prémaxillaire. L’information nerveuse sera donc transmise par 3 voies nerveuses afférentes et efférentes. Deux pour les secteurs latéraux des prémolaires et des molaires et une pour le secteur central incisif.
Normalement l’appareil masticateur fonctionne environ une heure par jour, le reste du temps les dents restent en innocclusion sauf pour la déglutition salivaire. L’excitation paratypique de la fonction masticatrice n’a donc lieu qu’une heure par jour. C’est le reste du temps, pendant les 23 heures qu’a lieu la réponse de développement.
II DÉVELOPPEMENT ANTERO POSTERIEUR.
1°) La zone de la partie supérieure de l’A.T.M
L’Articulation Temporo Mandibulaire fonctionne dès la naissance lors de l’action physiologique de l’allaitement . La traction qu’exerce alors le ménisque met en mouvement la tête condylienne. La partie postérieure du ménisque qui subit les tractions antéro-postérieures est très vascularisé grâce à un réseau en spiral. Ces vaisseaux fonctionnent à la manière d’une pompe pendant les mouvements de traction et de recul ce qui augmente l’irrigation mais aussi sa capacité d’excitation étant également particulièrement neutrogène.
Or il s’avère après observation au microscope que le parodonte possède ce même type de vascularisation spiralée et une innervation identique.
-Lors de l’allaitement, ce mouvement antéro-postérieur est simultané et bilatéral
-lorsque l’enfant mastique, seul le côté balançant est excité. la réponse de développement n’intéresse alors que l’hémimandibule homolatérale.
Parallèlement les dents inférieures excitent les supérieures ce qui provoque le développement du maxillaire supérieur.
Planas compare ce développement à un pilon (la mandibule) qui ferait des tours dans un mortier en matériau déformable (le maxillaire) or si le pilon ne fait que frapper (mouvement d’ouverture fermeture) au lieu de faire des tours (mouvement de mastication alternées qui maximise les frottements occlusaux) nous n’obtiendrons pas d’élargissement (le maxillaire ne se développera pas suffisamment)
2°) Cas cliniques
Pour illustrer ce principe nous prendrons quelques exemples en ce qui concerne notamment des cas de mastications unilatérales suites à des caries ou des extractions. Planas a observé des nombreux cas sur des patients en clinique, sur des moulages montés sur articulateur semi-adaptable mais aussi sur des crânes secs.
a) Développement différentiel maxillo-mandibulaire en cas de mastication unilatéral.
Ce premier exemple est tiré de l’observation d’un crâne sec.
Si un côté a été pendant de trop nombreuses années un coté uniquement travaillant (gauche par exemple), au niveau mandibulaire la branche montante qui subira le développement sera celle du côté balançant (droite) par contre ce sera la tête du condyle du côté travaillant qui augmentera de volume. En revanche le côté du corps mandibulaire subissant la stimulation paratypique sera le côté gauche ce qui sera clairement visible sur une panoramique. Par effet de répercussion, au maxillaire supérieur, il y aura une déviation en avant et à droite de l’hémi-maxillaire gauche (travaillant) ainsi que, par effet de poussée du à l’augmentation du corps mandibulaire gauche, une déviation du bloc incisivo-canin vers la droite. En latéralité on s’aperçoit que l’AFMP gauche est plus petit que le droit. La mastication sera relativement physiologique de ce côté. En revanche, à droite il y a comme un obstacle à la mastication à cause de l’augmentation de la branche montante ce qui ne fera qu’augmenter le problème de mastication unilatérale.
L’histoire du “patient” nous apprend que jusqu’à l’âge de 8-10 ans, tout était normal. A cet âge, à cause d’une carie sur une dent provoquant des douleurs continues à la mastication et dont la dent à finit par se nécroser. Le patient a alors commencé à mastiquer préférentiellement à gauche ce qui provoqua progressivement sur une dizaine d’année.
-une augmentation de l’hémi-maxillaire gauche à cause des stimulations paratypique qui s’élargit à tel point qu’il dévia le point inter-incisif vers la droite mais aussi cela entraîna un dérèglement du plan d’occlusion par sous développement de l’hémi-maxillaire droite.
-une augmentation de la hauteur de l’hémi-mandibule gauche pour la même raison
-un développement de l’hémimandibule droite côté balançant qui se développa d’arrière en avant par augmentation de la hauteur de la branche montante. Ceci finit par provoquer une distocclusion à gauche par avancée de la mandibule
-On observe une diminution de l’AFMP gauche et une augmentation de l’ AFMP droite avec un position de la canine non-fonctionnelle rendant impossible toute mastication.
Planas résume bien ainsi ce qui s’est passé
“Il est aisé de comprendre que si cette denture avait travaillé alternativement des deux côtés, l’hémimandibule droite ne serait pas restée en distocclusion et aurait augmentée sa dimension verticale ; le maxillaire gauche ne se serait pas avancé autant et la symétrie avec le côté droit aurait été respectée.”
b) Développement dento-osseux suite à des extractions
Un autre exemple nous est donné par le cas d’une déviation de la ligne médiane inférieure à gauche sur une denture adulte dont le côté gauche avait été utilisé préférentiellement pendant de nombreuses années pour mastiquer. On remarque 2 phénomènes simultanés après l’extraction des deux 1ères molaires mandibulaires.
-une avancée de l’arcade du côté droit qui maintient ‘hémimandibule droite en normocclusion alors qu’on observe une distocclusion du côté gauche (le plus travaillant)
-une égression caractéristique de la 2ème molaire gauche pour compenser l’espace généré par l’extraction. Du côté droit en revanche il n’y a pas de comblement par égression.
Planas a remarqué que cela se retrouve dans toutes les dentures dans des conditions analogues. Par conséquent la loi suivante a put être énoncée : “le développement osseux se produit du côté non-travaillant et le mouvement dentaire en mésio-gression du côté travaillant.”
c) Correction des distocclusion unilatérales et forcer à la mésialisation suite à une extraction
Par la connaissance de ce principe ainsi énoncé il est possible de traiter des patient en inversant artificiellement la tendance acquise par le patient. Par la technique des plaques à piste (qui provoque des stimulations paratypiques du côté habituellement balançant et une mastication forcée du fait de la loi de la hauteur minimale).
Ceci permet donc de :
-corriger une distocclusion gauche (côté initialement non travaillant par développement osseux (ce côté devenant le côté balançant)
-mésialer les 2ème et 3ème molaires droites suite à l’extraction de la première molaire cariée.
Des meulages sélectifs pourront finaliser le traitement en aidant à changer le cycle de mastication en appliquant la loi de la hauteur minimale.
d) Variation des axes des dents postérieures à un édentement mandibulaire par exemple en cas d’extraction d’une première molaire mandibulaire.
Au vue des différents cas étudié Planas explique que :
“Si la denture fonctionne avec des mouvements de latéralité équilibrés, l’espace se ferme et les axes dentaires restent pratiquement parallèles entre eux. mais si le système ne fonctionne qu’avec des mouvements d’ouverture-fermeture sans équilibres occlusal, les molaires se versent mésialement souvent incomplètement et il se crée avec le temps une lésion parodontale dans la partie mésiale.”
e) Effets multiples de l’impotence fonctionnelle
Elle a provoqué des anomalie de développement du à une mastication unilatérale
-une endognathie
-une suppracclusions
-une distocclusion molaire du côté ou le patient mastique. (la mastication fait avancer le maxillaire supérieur ou le patient mastique toujours par développement de l’os du aux stimulations) ce qui entraîne une déviation du point inter incisif maxillaire vers le côté ou le patient ne mastique pas. Grâce aux moyens thérapeutiques de Planas, que nous développerons ultérieurement, il a été possible de retrouver une normocclusion bilatérale de supprimer l’endognathie mais aussi la suppracclusion incisive.
source : synthèse de la première partie du chapitre 4 du livre de Planas