CCAM Comment les lubies de l’assurance maladie pourrissent la vie des dentistes

Les chirurgiens dentistes s’apprêtent à appliquer la nouvelle classification commune des actes médicaux (CCAM) dentaires. Alors qu’elle doit entrer en vigueur le 1er juin, peu de praticiens ont été formés quant aux modalités de sa mise en oeuvre. Par ailleurs, les patients seront probablement confrontés à des retards de remboursements cet été.

Atlantico : La nouvelle classification commune des actes médicaux (CCAM) bucco-dentaires doit entrer en vigueur le 1er juin. En quoi consiste cette nouvelle classification ?

Harold Lhermite : Comme pour les médecins qui y sont soumis depuis le 31 mars 2005, la CCAM “dentaire” est supposée exhaustive : environ 700 actes dentaires y sont répertoriés dont près de 90 non remboursables par l’Assurance Maladie qui choisit ceux qu’elle désire prendre en charge. Elle répertorie l’ensemble des actes techniques médicaux et dentaires validés, qu’ils soient tarifés ou non. À un libellé correspond un code et un seul et réciproquement. Chaque libellé définit précisément l’acte auquel il correspond sans possibilité d’interprétations divergentes.

Cette nouvelle classification était-elle nécessaire ? Pourquoi ?

La réponse est clairement “OUI”. La CCAM dentaire vise à remplacer l’actuelle et très poussiéreuse NGAP – Nomenclature Générale des Actes Professionnels – datant du 27 mars 1972 ! Cette dernière n’était finalement qu’un simple outil comptable et statistique utilisé jusqu’à présent par l’Assurance Maladie (et les Mutuelles) pour asseoir ses remboursements.
Ce nouveau référentiel traduit donc la volonté de l’Assurance Maladie et des Pouvoirs Publics de moderniser le système actuel devenu inadapté.

Les praticiens sont-ils suffisamment bien préparés à cette réforme ?

Nous ne serons jamais bien préparés à un changement de cette ampleur ! Mais nous nous adapterons je pense assez rapidement à cette nécessaire et au final bénéfique réforme administrative, si l’on ne prend la CCAM que pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une simple énumération des actes reconnus comme valides.


Les praticiens non informatisés par contre, eux, auront les plus grandes difficultés à s’y retrouver…et donc à transmettre des feuilles de soins papiers correctement remplies (à ce jour aucun dentiste n’en a d’ailleurs reçu un seul exemplaire !)

Mais il faut bien se rendre compte que les praticiens ne seront pas les seuls à devoir s’adapter lors du passage de la NGAP à la CCAM au 1er juin 2014 – les CPAM, les éditeurs de logiciels dentaires (qui nous permettront de coder les actes avec les nouvelles références CCAM), et même les mutuelles connaîtront des difficultés. Nous sommes à moins d’un mois de l’échéance et, ce n’est là que mon avis personnel, personne ne sera dans les clous le jour J…il y aura fatalement plusieurs semaines, voire mois de flottement, et d’adaptation, quoi qu’en disent les “décideurs”.

Existe-t-il un risque de problèmes de télétransmission des feuilles de soins ? Les patients doivent-ils s’attendre à des retards dans les remboursements par les assurances santé, sécu comprise ?

Là encore la réponse est “OUI”. Cette réforme connaîtra son lot de logiciels dentaires mal paramétrés (voire non paramétrés car l’éditeur ne ce sera pas suffisamment préparé au changement – ou le praticien n’aura pas eu le temps de configurer son outil informatique – sachez que cela représente plusieurs heures, voire dizaines d’heures… de mon côté j’ai par exemple réservé les 4 derniers jours de mai pour m’y préparer en espérant que cela sera suffisant !), de rejets Noémie (logiciels gérant les Feuilles de Soins Électroniques au niveau de CPAM), du système informatique des mutuelles insuffisamment préparé.

Source Atlantico : http://www.atlantico.fr/decryptage/nouvelle-classification-actes-dentaires-ou-comment-lubies-assurance-maladie-pourrissent-vie-professionnels-sante-harold-lhermite-1065394.html#2bPZjtzWvHBKWdmd.99