Les cancers buccaux les plus fréquents sont les cancers de la langue et du plancher buccal. Les patients présentent un taux de survie plutôt faible et corrélé à l’âge : 30% de survie à 5 ans et 5 à 10% de survie à 10 ans. Les cancers buccaux sont à l’origine de 3% des décès chez l’homme et 1% chez la femme. Les personnes de 50 à 70 ans et notamment celles ayant eu une consommation élevée d’alcool ou de tabac sont les plus à risque.
Or, un diagnostic précoce des cancers buccaux est garant d’une augmentation sensible du taux de survie, indique le Pr Ahmed Feki (Strasbourg) dans sa présentation écrite. “Le dépistage précoce des lésions potentiellement suspectes, précurseurs du cancer, réduit le risque de séquelles anatomiques et augmente ainsi la qualité de vie des patients”, ajoute-t-il.
Le chirurgien-dentiste joue un rôle décisif dans le dépistage précoce des cancers de la bouche. En effet 40.000 praticiens croisent en moyenne un demi million de patients par jour en consultation.
Lorsqu’un chirurgien-dentiste détecte des lésions suspectes chez un patient qui possède des facteurs de risque avérés, il peut directement effectuer une biopsie, à moins que la lésion ne soit maligne. Dans ce cas, le patient doit être orienté vers un centre spécialisé. En France, 6.300 nouveaux cas de cancers de la bouche sont dépistés chaque année à l’examen bucco-dentaire chez l’homme, et 1.500 chez la femme.
Mais le chirurgien-dentaire intervient également à d’autres stades de la prise en charge thérapeutique, lors du bilan préopératoire et lors de la réhabilitation de la cavité buccale suite à un traitement anticancéreux (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie). “Les traitements anticancéreux peuvent en effet provoquer des complications dentaires telles qu’une perte des dents, des caries multiples, des infections ou une nécrose osseuse que le dentiste doit prévenir ou minimiser”, explique le Pr Feki.
“Le chirurgien-dentiste assure le suivi et la surveillance du malade, pour contrôler l’observance des prescriptions, la continuité des mesures d’hygiène et la survenue d’éventuelles récidives”, ajoute le Pr Feki.
Dans le cadre d’un programme de “lutte contre les cancers buccaux”, l’Institut national du cancer (INCa) a mis en place plusieurs groupes de travail pour définir des interventions en matière de prévention de cette pathologie dont l’un est intitulé “formation des chirurgiens dentistes en oncologie et en prévention primaire”, rappelle le Pr Feki./sc/ajr