Publiée le 1er octobre, cette étude est la première à comparer la survie de patients atteints de la tête et du cou en fonction de leur rapport au tabac. Elle fournit ainsi une évaluation plus précise du lien entre le statut tabagique et la survie en limitant l’influence que pourraient avoir les autres facteurs de risque.
Car si le risque relatif de développer un cancer de la tête et du cou est 3 à 12 fois plus élevé chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs, l’impact du tabagisme sur les conséquences de la maladie est mal connu. Des travaux réalisés par le passé n’ont pas vraiment permis de mesurer l’effet du tabagisme sur la survie car les non-fumeurs qui développent la maladie présentent généralement des différences socio-démographiques par rapport aux patients qui ont des antécédents de tabagisme ou qui fument encore.
“Ces travaux soutiennent l’idée suggérée dans des études précédentes selon laquelle il existe des différences moléculaires entre les tumeurs des fumeurs et des non-fumeurs, susceptibles de refléter deux types distincts de cancer de la tête et du cou”, commente Erich M. Sturgis, spécialiste au Anderson Cancer Center au Texas.
A partir d’une base de données comprenant plus de 500 patients dont le cancer de la tête et du cou a été récemment diagnostiqué et n’a fait l’objet d’aucun traitement, les auteurs ont choisi 83 non-fumeurs qu’ils ont appariés chacun avec un fumeur ayant le même âge, de même sexe, avec une tumeur ayant la même localisation, à un même stade de la maladie, et avec les mêmes antécédents médicamenteux.
Plusieurs autres facteurs, tels que l’abus d’alcool, des comorbidités et des symptômes associés au cancer dont la perte de poids, les douleurs auriculaires et les difficultés à avaler, n’étaient pas inclus comme critères d’appariement mais ont tout de même étaient pris en considération afin d’évaluer leur impact sur la survie.
Les chercheurs ont ainsi réuni 50 paires de patients cancéreux.
Ils ont trouvé que le risque de mortalité globale, le risque de décès dû à la maladie et le risque de récidive étaient respectivement multipliés par 3,5, 3,98 et 3,29 chez les patients qui avaient des antécédents de tabagisme par rapport à ceux qui n’en avaient pas.
Ils soutiennent donc les campagnes d’incitation à l’arrêt du tabac et à la consommation modérée d’alcool et encouragent vivement les patients à faire surveiller les symptômes de leur cancer et des comorbidités qu’ils seraient susceptibles d’avoir afin d’améliorer leur qualité de vie et augmenter leurs chances de survie./ar
(Journal of Clinical Oncology, 1er octobre, vol. 22 n°19p. 3.981-3.988)