Bruxisme au congrès de l’ADF

Les dents subissent au fil des années une usure progressive, mais le phénomène peut s’emballer et aller jusqu’à leur destruction, sous l’effet d’un trouble baptisé le bruxisme, l’un des thèmes abordés lors du congrès de l’Association dentaire française.

“Le bruxisme n’est pas une maladie, explique François Unger, chirurgien-dentiste. C’est une parafonction, un mouvement plus ou moins automatique des mâchoires qui frottent les dents les unes contre les autres”.

Les causes réelles du bruxisme restent inconnues, mais on sait qu’il est commandé par le système nerveux central. Les enfants peuvent être touchés, même en denture de lait. Les atteintes sont généralement moins graves que chez l’adulte.

Son intensité varie selon les individus, mais aussi dans le temps pour un même individu. On évalue entre 5 et 6% la proportion de la population sujette à des épisodes importants de bruxisme. Les très grands bruxomanes, qui usent leurs dents pratiquement complètement, ne représentent pas un pour cent de la population.

Le phénomène se manifeste davantage la nuit que le jour, et surtout dans des conditions plus agressives. Les contractions musculaires qui s’exercent pendant le sommeil se font avec plus de force que pendant la journée et durent plus longtemps également.

Si l’on ignore les causes du bruxisme, on pense que le stress est un facteur de serrage des dents les unes contre les autres. “On émet l’hypothèse que le stress est impliqué”, indique le Dr Unger, mais on ne peut pas en conclure que les gens stressés vont grincer des dents, et que les gens non stressés sont exempts de bruxisme.

Le grincement de dents, dont le bruxomane n’a pas toujours conscience, peut être particulièrement agaçant pour l’entourage, mais il a surtout des conséquences importantes sur la bouche: fatigue et crispation musculaires liées au serrage prolongé des dents, douleurs au niveau des articulations de la mâchoire et aussi usure des dents.

“Chez l’adulte, on peut avoir des destructions très graves qui vont jusqu’à l’usure complète de la couronne dentaire, jusqu’à arriver au ras de la gencive; c’est seulement lorsque la destruction aboutit à hauteur de la pulpe dentaire (le nerf, NDLR) que ça devient douloureux”.

Il n’y a pas de traitement particulier de cette parafonction. La seule chose que le chirurgien-dentiste puisse faire est d’essayer d’éviter les effets négatifs. Pour cela, il utilise une gouttière de protection en résine, qui est placée la nuit sur les dents. Généralement bien supportée, elle empêche le contact dent à dent, et a tendance à limiter la durée et l’intensité du serrage.

Il existe une prise en charge par l’assurance-maladie pour cette gouttière qui est aussi utilisée pour protéger les restaurations dentaires ou prothétiques faites chez les patients bruxomanes.

Le bruxisme n’est cependant pas le seul agent destructeur des dents, souligne le Dr Unger. L’érosion chimique des tissus durs de la dent, due à une consommation excessive de boissons acides (comme les sodas), d’agrumes ou de vinaigre, voire de vin, est aussi destructrice. L’usure chimique se rencontre aussi chez des personnes soumises à des régurgitations répétées, par exemple en cas d’anorexie ou de boulimie.

Le congrès de l’Association dentaire française s’est tenu du 20 au 24 novembre à Paris.