Blanchiment des dents: la fin des boutiques en Belgique

BRUXELLES Le blanchiment des dents est à la mode. Des kits tout en un sont proposés dans les grandes surfaces, les marques de dentifrice rivalisent de superlatifs pour vanter les qualités de leurs produits respectifs, des poudres abrasives vantent leur radicale efficacité, alors que des laboratoires ayant pignon sur rue commercialisent, en pharmacie, des strips prêts à l’emploi.

Flairant elles aussi le bon coup, des boutiques – parfois intégrées dans des centres d’esthétique – ont fleuri ici et là, proposant, à grand renfort de publicité, de blanchir les dents en un tournemain.

Une situation inadmissible aux yeux de la Société de médecine dentaire (SMD), qui a décidé de mettre un terme à ces pratiques qualifiées d’illégales. Une récente décision judiciaire lui donne raison.

L’affaire a opposé la SMD à la société commerciale Naturally White, établie avenue Louise, à Bruxelles. La SMB a introduit une action en cessation d’activité devant le tribunal de commerce, arguant que cet établissement enfreignait la loi, notamment en faisant la promotion – via des dépliants publicitaires, Internet, des brochures… – de ses traitements dentaires blanchissants. Or, la législation interdit toute publicité pour les actes médicaux.

Le juge a abondé dans le sens de la Société de médecine dentaire, tout en soulignant un élément fondamental: le blanchiment relève de la seule compétence des dentistes, qui le pratiquent d’ailleurs depuis pas mal d’années. «Cette décision de justice – que nous accueillons avec une grande satisfaction – fera certainement jurisprudence», intervient Hugues Grégoir, porte-parole et ancien président de la SMD. «Il était important qu’un tribunal clarifie définitivement la situation. Quiconque peut effectivement ouvrir un magasin et vendre légalement des produits blanchissants, pour autant que ceux-ci respectent une série de contraintes, en particulier en matière de oncentration de substance active. Mais à partir du moment où un traitement est appliqué dans la bouche, cela relève de l’acte médical. Et ceci quelle que soit la technique utilisée.»

Entre le moment de l’audience publique et celui du jugement, la société Naturally White a été déclarée en faillite. «Ceci ne change rien sur le fond», poursuit Hugues Grégoir. «Et il est évident que si nous apprenons que d’autres se sont lancés dans ce business sans respecter les conditions légales, il va de soi que nous irons à nouveau en justice». Et il paraît que l’une ou l’autre «boutique» se trouve dans le collimateur…

La technique du blanchiment rencontre un succès grandissant, encore que cette popularité croît «tout doucement», indique Hugues Grégoir, porte-parole de la Société de médecine dentaire. Le prix joue un rôle déterminant dans les réticences des patients. «Avancer une fourchette n’est pas facile», poursuit Hugues Grégoir. «Les tarifs varient fortement d’un dentiste à l’autre, ainsi que du traitement proprement dit». Disons que c’est cher, et que cela démarre facilement autour des 250 à 300€.

Avec quel résultat? La moyenne d’éclaircissement tourne autour de un à deux tons – la classification de la couleur des dents -, ce qui n’est pas énorme. «Cela dépend du patient. Dans tous les cas, le rafraîchissement est manifeste, mais la dent reste dans sa teinte de base, jaune, orange, grise, ou blanche.» Il ne faut donc pas s’attendre à des miracles. La méthode classique repose sur l’application de peroxyde de carbamide, présenté sous forme de gel glissé dans une gouttière en plastique souple adaptée à la dentition (elle est portée – la nuit ou quelques heures en journée – durant un laps de temps déterminé par le dentiste).

Et qu’en est-il de ces produits aujourd’hui disponibles un peu partout? «Quelques uns présentent une certaine efficacité», concède Hugues Grégoir. «Ils contiennent la même substance active que celle que nous utilisons, mais en concentrations plus faibles.» En ce qui concerne les kits, «on remarquera que les gouttières ne sont pas adaptées à la dentition personnelle, comme celles que nous proposons».

Quant aux poudres, «elles sont beaucoup trop abrasives. Elles usent l’émail et percent jusqu’à la dentine, encore plus jaune que la dent. La personne va brosser et encore brosser, ce qui conduit à la catastrophe. Un détartrage régulier chez le dentiste, avec recours à une pâte abrasive spéciale, permet d’intervenir dans des conditions autrement plus sécurisantes».

J. M. © La Dernière Heure 2004
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