Dans un ouvrage publié récemment (1), le docteur Patrick Fellus (Paris) explique les tenants et les aboutissants de la prise en charge des malpositions dentaires chez le jeune enfant et résume vingt ans d’expériences cliniques dans cette approche.
«A partir du moment où l’on admet que les dents mal placées ne sont pas la faute à pas de chance, mais dans la plupart des cas, le reflet d’un déséquilibre entre l’activité des muscles des joues et de ceux de la langue (ils sont dix-sept), le rétablissement de cet équilibre devient une priorité et peut se faire dès l’âge de quatre ans, souligne le docteur Fellus en introduction de l’ouvrage. Loin de nous l’idée de vouloir traiter tous les enfants en denture lactéale, mais il existe des indications de traitements précoces permettant d’obtenir une correction de certaines anomalies, une diminution de la durée d’une éventuelle seconde phase de finition et une réduction considérable des indications chirurgicales.»
Cette approche dépasse largement le cadre de l’alignement dentaire puisqu’elle intervient aussi sur la respiration, la phonation, la mastication. Même parfois sur le développement psychologique de l’enfant, relève le docteur Julien Cohen-Solal, pédiatre à l’hôpital Robert-Debré (Paris) dans la préface du livre : «Les enfants sont extrêmement intelligents, mais aussi durs entre eux. Aussi est-il important d’éviter toute raillerie, toute moquerie et qu’à quatre ou cinq ans le petit enfant puisse dire à ses compagnons d’école : «J’ai quelque chose mais on me soigne», ce qui est une belle victoire pour lui.»
L’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé dans une série de recommandations publiées en octobre dernier concernant l’orthodontie pédiatrique vient d’ailleurs de définir toutes les situations pour lesquelles un traitement précoce s’impose et recommande que l’examen de dépistage ait lieu avant l’âge de six ans.
(1) Éditions CdP Orthodontie précoce en denture temporaire.